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JUDAÏSME Les pratiques

Les pratiques religieuses propres au judaïsme, et au judaïsme le plus actuel, ne se comprennent, dans leurs détails concrets comme dans leur esprit, qu'à partir d'une perspective historique, et spécialement à partir de ce que représentaient le Temple de Jérusalem et son rituel à l'époque biblique et dans la vision eschatologique d'Ézéchiel (xl-xlvii).

L'espace sacré

C'est avec le Temple, en effet, qu'apparaît la conception d'un espace sacralisé. Dimension de la sainteté, l'espace se définit, pour la religion juive, comme un territoire sacré comprenant dix étapes ascendantes : le pays d'Israël, les cités entourées de remparts, l'enceinte de Jérusalem, le mont du Temple (har ha-bayit), l'enceinte du Temple, le parvis des femmes, le parvis des israélites, le parvis des prêtres, l'espace entre la salle et l'autel, le sanctuaire, le saint des saints (Mishna, Kélim, I, 6-9).

Tabernacle, Temple, synagogue

Apparue lors de la construction du tabernacle (miškan) dans le désert (Exode, xl), cette « sainteté spatiale » appartient-elle vraiment à un lieu déterminé ? Pour la Mishna, chacune de ces étapes est liée à l'observance d'un précepte applicable dans le lieu précis qu'elle détermine : ainsi tire-t-on du pays d'Israël l''omer, la gerbe (Lévitique, xxiii, 10), les prémices et les pains de proposition. Pourtant, l'espace sacré fut désigné au patriarche Jacob lors de sa vision de l'échelle céleste, quand il déclara : « Assurément, le Seigneur est présent en ce lieu et moi je l'ignorais […]. Que ce lieu est redoutable ! Cela n'est autre que la maison du Seigneur et c'est ici la porte du ciel » (Genèse, xxviii, 16-27). Le « sacrifice » d'Isaac devait s'y accomplir ; le Temple de Salomon y fut ensuite édifié. Le site est celui-là même de l'obéissance d'Abraham : sa définition renverrait ainsi à celle de la Mishna. Lors de l'expérience qu'il fut donné à Moïse de faire face au buisson ardent (« N'approche point d'ici ! Ôte ta chaussure, car l'endroit que tu foules est un sol sacré » ; Exode, III, 5), c'est la présence divine qui consacra le lieu, présence que Dieu promit de faire reposer « au-dessus du propitiatoire, entre les deux chérubins placés sur l'Arche d'Alliance » (Exode, xxv, 22). On pourrait donc dire que l'espace sacralisé se trouve à la rencontre de l'homme accomplissant les préceptes et de cette présence. Plus généralement, la sainteté territoriale en sa plénitude devint l'apanage du pays d'Israël après sa conquête par Josué (Deutéronome, xi, 11-12). Lieu unique du culte sacrificiel, le Temple lui-même constituait l'espace de l'accomplissement parfait du divin service.

La synagogue, en dehors du pays d'Israël et même à l'intérieur de celui-ci, entre dans la catégorie d'un espace révéré mais non sacré : alors qu'un impur ne pouvait pénétrer dans l'enceinte sacrée du Temple, l'accès de la synagogue est ouvert à tous. Dans toute la mesure du possible, celle-ci est orientée vers la cité de Jérusalem, sur laquelle la présence divine n'a jamais cessé de veiller. Pourtant, elle abrite l'arche sainte qui renferme les rouleaux de la Tōrah pourvus d'un caractère de sainteté : cela revient-il à lui reconnaître une sainteté dérivée ? Destinée primitivement à la lecture de la Tōrah, maison de prière, la synagogue – comme le Bet ha-midraš, maison d'étude – accueille la lecture de la Tōrah et la prière publique ; il y subsiste un vestige du service sacerdotal, la bénédiction des kohanim (Nombres, vi, 24).

Pureté du Temple

Édifiant le Temple que Dieu lui prescrit de construire, Salomon s'émerveille : « Est-ce qu'en vérité Dieu[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)
  • : docteur en théologie, docteur en histoire de la philosophie, docteur d'État ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

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