- 1. Proposition et assertion, expression et déclaration, croyance et adhésion
- 2. L'analyse logique du jugement
- 3. Aspects psychologiques ou axiologiques
- 4. La philosophie du jugement
- 5. La philosophie des propositions
- 6. Influence de la théorie du langage sur les doctrines de la proposition et du jugement
- 7. Bibliographie
JUGEMENT
Le jugement est l'acte de la pensée qui affirme ou nie, et qui ainsi pose le vrai ; plus largement, c'est le point d'arrêt d'un problème, qui s'achève dans une décision. L'existence du jugement est donc au point de rencontre de multiples approches, celles de la logique, de la psychologie, ou même de la doctrine de l'activité. Le logicien retient que le jugement est l'adhésion à une proposition, qui est justifiée de quelque manière par la liaison des représentations qu'elle rassemble, ou par quelque référence de la proposition à d'autres propositions ou à l'expérience. Il revient ainsi à la logique d'étudier la structure propositionnelle du jugement, les modalités de l'affirmation qui peut s'effectuer dans le registre de l'effectif, du possible ou du nécessaire, l'appartenance du jugement aux sphères de la pensée déductive ou expérimentale. Mais c'est laisser hors de considération certains aspects de l'activité concrète de juger.
Le psychologue porte son attention sur les facteurs de la croyance ou de l'attitude, sur les prises de position, par rapport à la réalité, du sujet qui juge. Au reste, le jugement inclut des consignes normatives, qui exigent que l'on étende les références psychologiques vers des références sociologiques ou socio-culturelles ; le judicium est, étymologiquement, la décision judiciaire, et c'est un des aspects parmi d'autres des bases normatives du jugement : on parle du « jugement de goût », qui est le discernement des valeurs esthétiques ou culturelles, ou du jugement moral, qui est le discernement dans le domaine des mœurs.
Ainsi, la doctrine du jugement est entrée dans celle de la pensée par de multiples voies. Une philosophie du jugement a pour première tâche de situer les fonctions logiques du jugement dans une conception d'ensemble des activités de l'intelligence. Mais elle s'intéresse aussi aux liens du jugement et de l'activité, et cherche une mesure de la capacité de juger dans la conduite de l'homme, considérée en totalité, sous ses aspects individuels et sociaux. De manière générale, elle donne une place au jugement parmi les actes porteurs de sens, les régulations de l'existence et de la pensée. Elle le situe à un niveau élevé de l'exercice des pouvoirs de réflexion et de résolution, et, qu'elle exalte ou qu'elle dévalorise ce rôle, elle l'associe étroitement au sens de l'initiative rationnelle, qui trouve son expression directe dans la capacité de juger.
Proposition et assertion, expression et déclaration, croyance et adhésion
Le jugement synthétise les contenus de la perception ou de la représentation et les porte au niveau d'un critère de vérité qui permet leur affirmation. Mais cette opération du jugement emprunte en général le canal du langage, dont il reçoit une structure constituée de termes et de relations. En outre, le jugement ainsi exprimé occupe une place dans une chaîne de questions, de réponses, d'énoncés qui s'entraînent les uns les autres. La médiation linguistique apporte au jugement d'autres déterminations encore : le jugement est une prise de position, non seulement vis-à-vis d'un contenu de pensée, mais par rapport à l'auditeur auquel une croyance est communiquée et une adhésion demandée. Ainsi est-il une opération fondamentale et complexe, qui a plusieurs couches et plusieurs destinations : il importe donc de le rapporter à toute une famille de termes, dont chacun désigne un aspect ou une phase définie de son effectuation.
Le terme de proposition désigne de préférence la forme logiquement structurée du jugement, qui est une liaison de termes auxquels s'ajoutent l'indication d'une affirmation ou d'une négation et souvent l'indication de nuances modales. Il convient au reste de distinguer[...]
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Écrit par
- Noël MOULOUD : professeur à l'université des sciences humaines, lettres et arts de Lille
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