- 1. Premiers portraits de Jupiter et ses satellites
- 2. Une diversité inattendue des lunes galiléennes
- 3. Des mondes-océans ?
- 4. Jupiter, archétype des planètes géantes
- 5. Magnétosphère de Jupiter et son influence sur les satellites
- 6. Un vaisseau spatial résistant à l’environnement hostile de Jupiter
- 7. Instruments et déroulement de la mission
- 8. Bibliographie
JUICE, mission
Le 14 avril 2023, la mission Juice (Jupiter Icy Moons Explorer) de l’Agence spatiale européenne (ESA, European Space Agency) a été lancée depuis le centre spatial de Kourou (Guyane) avec la 116e et avant-dernière fusée Ariane-5. C’est la première mission à destination du système solaire externe entièrement développée et pilotée par l’Europe. De grande ampleur scientifique, elle a pour objectif d’explorer Jupiter et trois de ses satellites (lunes) glacés (Ganymède, Europe et Callisto), avec un ensemble de dix instruments couvrant des domaines scientifiques très divers.
Après un voyage de plus de huit années au cours duquel elle effectuera plusieurs survols de la Terre et de Vénus, Juice arrivera dans le système de Jupiter en juillet 2031. Pendant plus de trois ans, elle étudiera cette géante gazeuse et son environnement, avant de se mettre en orbite autour de Ganymède, qui constituera sa cible principale pendant près de neuf mois, une première pour un satellite autre que la Lune. Parmi les nombreux enjeux scientifiques, la caractérisation des océans qui se trouvent très certainement sous les calottes de glace de Ganymède et d’Europe constitue certainement l’objectif le plus excitant puisque les scientifiques espèrent ainsi obtenir un certain nombre d’indices concernant un éventuel développement de la vie. Les conditions physiques propices à celui-ci ont-elles pu exister ou existent-elles encore dans ces environnements exotiques ?
Premiers portraits de Jupiter et ses satellites
L’exploration de Jupiter débute en 1610, quand Galilée (1564-1642) découvre, grâce à ses lunettes astronomiques, les quatre principaux satellites (que l’on appellera satellites galiléens) tournant autour de la planète géante : Io, Europe, Ganymède et Callisto. Ces observations prouvent, pour la première fois, l'existence d'objets célestes invisibles à l'œil. Tout télescope amateur, même de petite taille, permet aujourd’hui de suivre le ballet de ces satellites.
Ce sont les années 1970 qui voient commencer l’exploration spatiale du système jovien (Jupiter, ses satellites et ses anneaux), avec son survol par les sondes spatiales américaines Pioneer-10 et 11, et Voyager-1 et 2, qui ont permis de fournir les premières images de ces objets. Il faut ensuite attendre la sonde américaine Galileo, premier engin spatial mis en orbite autour de Jupiter (1995-2003), pour découvrir la diversité remarquable de ces satellites galiléens qui se conjuguent avec des températures très basses (surfaces recouvertes de glace) ou très hautes (volcanisme très actif sur Io). Depuis 2016, une autre mission de la NASA, Juno, est en orbite polaire pour effectuer des survols du pôle nord de Jupiter à très basse altitude (quelques milliers de kilomètres). Ces différentes missions spatiales, notamment celles qui ont effectué des séjours prolongés dans le système de Jupiter, ont permis d’enrichir nos connaissances sur ces mondes lointains. De nouvelles questions ont également émergé, relançant l’exploration spatiale de ces objets célestes, avec la mission européenne Juice et l’américaine Europa Clipper (lancement prévu à la fin de 2024), toutes deux sélectionnées au cours de la décennie 2010.
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Écrit par
- François POULET : astronome à l'institut d'astrophysique spatiale, université Paris-Saclay
Classification
Médias