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DALOU JULES (1838-1902)

Sculpteur français. Dalou est avec Rodin la figure marquante de la sculpture française de la fin du xixe siècle. Mais, de son vivant déjà, la perception que le public avait de son art a peut-être souffert de l'immense renommée de Rodin.

<em>États généraux, séance du 23 juin 1789</em>, J. Dalou - crédits : Assemblée nationale - 2019

États généraux, séance du 23 juin 1789, J. Dalou

Dalou n'eut pas de carrière officielle. Comme beaucoup d'artistes de premier plan de la seconde moitié du xixe siècle, il passa rapidement par l'École des beaux-arts : il dut sa formation à l'excellente École impériale des arts du dessin et à l'enseignement de Carpeaux. Jusqu'en 1870, comme Rodin et beaucoup d'autres, il fut employé à Paris dans des chantiers de sculpture décorative. Il joua un rôle politique pendant la Commune : il fut membre de la Fédération des artistes dirigée par Courbet qui le nomma conservateur au Louvre. Condamné par les Versaillais, il s'enfuit en Angleterre où il vécut jusqu'en 1879. Les années qu'il passa en Angleterre assurèrent son succès : il obtint alors de nombreuses commandes, ses œuvres furent acceptées dans les grandes expositions et il enseigna à la fameuse Slade School. De retour à Paris en 1879 après l'amnistie, Dalou y rencontra vite le succès comme portraitiste et comme auteur de plusieurs monuments publics qui comptent parmi les plus importants que lui commanda la IIIe République : Monument à Alphand (bois de Boulogne), Monument à Delacroix (jardin du Luxembourg), Triomphe de la République (place de la Nation), Étatsgénéraux, séance du 23 juin 1789 (Assemblée nationale).

Dans les programmes monumentaux qu'il réalisa, on décèle la conception profondément démocratique que Dalou, artiste républicain, avait de la sculpture ; il ne s'en départit guère. Il se tint à l'écart de l'esthétique symboliste qui nourrit une grande partie de l'art de Rodin, et resta un réaliste, trouvant l'inspiration de ses sujets non monumentaux dans le familier, le réel et le quotidien. Dès son séjour en Angleterre, il innove dans des figures et des groupes de grande et de petite dimension qui deviennent vite populaires. Avec eux, il s'attache à ces sujets de l'intimité du foyer mis alors à la mode par la peinture impressionniste : femmes lisant, cousant, s'habillant, ou affairées à leur toilette, maternités. Il représente la femme, de préférence en costume moderne, avec un sens certain de la vérité des attitudes et du sentiment. Et quand il aborde de tels sujets, l'art de Dalou est simple, intime et immédiat. Dans ses compositions monumentales d'inspiration plus ambitieuse, Dalou reprend avec brio les formules discursives du style allégorique et mouvementé auquel ses contemporains étaient encore sensibles. Il emprunte alors le vocabulaire des sculpteurs de l'époque baroque, usant de personnifications qui élargissent la portée didactique du sujet Triomphe de la République. Parfois, par exemple dans ses projets pour un Monument au Travail qui ne fut jamais exécuté, il confie à nouveau à la vision réaliste le soin d'exprimer le sens social, réformateur de l'œuvre. Ses portraits au naturalisme incisif sont uniques dans l'art de la fin du siècle. L'exécution de Dalou est toujours large et grasse, soucieuse d'exprimer la richesse picturale des surfaces et des matériaux. Son style aux contours appuyés s'aligne ouvertement sur celui des sculpteurs du xviiie siècle, particulièrement celui de Pigalle dont il a souvent utilisé les effets décoratifs.

— Jacques de CASO

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Californie, Berkeley (États-Unis)

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<em>États généraux, séance du 23 juin 1789</em>, J. Dalou - crédits : Assemblée nationale - 2019

États généraux, séance du 23 juin 1789, J. Dalou