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FERRY JULES (1832-1893)

Jules Ferry est, à juste titre, considéré comme l'une des grandes figures de l'histoire républicaine française. Mais, si le grand public connaît le père de l'école primaire laïque, gratuite et obligatoire, on ignore son parcours politique, riche et tourmenté. S'il est reconnu aujourd'hui comme l'un des pères fondateurs de la IIIe République, peu de gens savent qu'il fut très critiqué à son époque. Médiocre orateur, bourgeois guindé, jugé froid et distant, surnommé « Ferry la famine » puis « Ferry le Tonkinois », le père de notre école publique ne connut jamais de son vivant la popularité que la postérité lui a reconnue.

Le fondateur de la IIIe République

Né le 5 avril 1832 à Saint-Dié, dans les Vosges, dans une famille bourgeoise et fortunée, il est le fils de l'avocat Charles-Édouard Ferry et d'Adèle Jamelot. Son père, libre-penseur, lui donne une éducation classique, libérale et agnostique. Il est notamment influencé par la pensée d'Auguste Comte, qui propose de renoncer à la recherche des causes transcendantes pour s'en tenir aux phénomènes. Cet héritage positiviste ne conduit pas Jules Ferry à l'anticléricalisme, mais son positivisme lui permet d'avoir une lecture rationaliste et pragmatique du monde, qui sera le fil conducteur de sa carrière.

Sa sœur aînée, Adèle, née en 1826, est une catholique fervente. Avec son frère Charles, né en 1834, dont il sera toujours très proche, il fait ses études au collège de Saint-Dié jusqu'en 1846, puis au lycée de Strasbourg (actuellement lycée Fustel-de-Coulanges). Installé à Paris avec sa famille en 1850, il obtient son baccalauréat l'année suivante, puis s'inscrit à la faculté de droit. Secrétaire de la Conférence des avocats, il se fait remarquer en 1855 par un discours, intitulé De l'influence des idées philosophiques sur le barreau au XVIIIe siècle, où s'expriment ses idées républicaines.

Avec Léon Gambetta, notamment, il fréquente avec assiduité les tribunes du Corps législatif, où il admire les interventions des cinq députés républicains opposants à l'Empire, notamment Émile Ollivier, dont il devient l'ami. Par ailleurs, il collabore régulièrement aux journaux d'opposition libérale, comme La Presse ou Le Courrier de Paris. Son pamphlet sur la Lutte électorale de 1863 lui vaut d'être condamné par le régime bonapartiste. Mais il récidive avec une série d'articles intitulés « Les Comptes fantastiques d'Haussmann », publiés en 1868 dans Le Temps, qui critiquent les dépenses excessives des grands travaux du préfet de la Seine. Candidat républicain modéré aux élections de 1869, Ferry est élu député de la 6e circonscription de la Seine. Devenu l'un des chefs de l'opposition parlementaire, il critique le régime impérial, ses excès financiers aussi bien que le manque de libertés. Opposé à la guerre contre la Prusse, il vote néanmoins, en juillet 1870, comme une grande partie des républicains, en faveur des crédits de guerre.

Le 4 septembre 1870, sous la pression de la foule parisienne, la République est proclamée au balcon de l'hôtel de ville par Ferry, Gambetta et d'autres députés républicains. Ministre du gouvernement de la Défense nationale, il est nommé maire de Paris le 15 novembre 1870, avec la lourde charge d'assurer le ravitaillement de la capitale assiégée par l'armée prussienne. Les restrictions alimentaires qu'il impose au peuple parisien lui valent le surnom de « Ferry la famine ». Hostile à la Commune de Paris, il fuit, dès le premier jour, cette ville qui ne l'aime pas. Nommé préfet de la Seine le 24 mai 1871, il démissionne de sa charge le 5 juin, à la suite de la répression de la Commune. Ce n'est d'ailleurs pas à Paris mais dans les Vosges qu'il est élu représentant à l'Assemblée[...]

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Jules Ferry - crédits : Assemblée nationale - 2019

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