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GRÉVY JULES (1807-1891)

Le sang-froid de Grévy, avocat, théoricien du droit, n'avait d'égal que sa maîtrise du langage : « Ses mots sont frappés en médaille » disait-on. La finesse d'esprit était réelle dans ce corps de grenadier. La fermeté de ses convictions républicaines ne se démentit jamais. Il avait débuté en 1848 en proposant un amendement fameux contre l'élection du président de la République au suffrage universel. Tenté par le gouvernement d'assemblée, il allait s'attacher à dépersonnaliser la fonction politique. Élu député du Jura en 1863 et 1869 au Corps législatif, il est à la tête de l'opposition républicaine. Il s'oppose, avec Thiers et Gambetta, à la déclaration de guerre en 1870. Élu président de l'Assemblée nationale (1871-1873), puis de la Chambre des députés à partir de 1876, il joua un rôle important dans la crise du 16 mai 1876. Le 30 janvier 1879, le maréchal président Mac-Mahon démissionna et le Congrès, réuni à Versailles, élut Jules Grévy président de la République. L'influence de celui-ci a été capitale pour l'avenir de la fonction et de l'exécutif face au législatif. Les prérogatives constitutionnelles du président de la République, compromises par Mac-Mahon (révocation des ministres, ajournement des Chambres et surtout dissolution) allaient être mises en sommeil. Pourtant il allait apporter un soin tout particulier au choix des ministres et particulièrement au choix de celui chargé de constituer le ministère, qui deviendra le président du Conseil, sur lequel la Constitution de 1875 était muette. C'est ainsi qu'il s'efforça, non sans complicité parmi les républicains, d'écarter Gambetta de la présidence du Conseil, puis, avec l'aide de Clemenceau, de miner le « grand ministère » que Gambetta ne dirigea que soixante-treize jours à partir de novembre 1881. Le choix du président du Conseil, effectué par Grévy, chef de l'État, a entraîné un affaiblissement de l'institution du président de la République et de celle même de président du Conseil, en dissociant les notions de chef de l'exécutif et de leader parlementaire ; car, s'il était peu imaginable, après l'expérience Mac-Mahon, de retrouver un pouvoir présidentiel fort, le Conseil des ministres aurait pu devenir un organe moteur et responsable : ce pouvoir ministériel fort et stable fera défaut à la IIIe République dans son ensemble, sauf à de rares exceptions. C'est à ce titre qu'on a pu parler de « Constitution Grévy » pour qualifier l'influence du nouveau président de la République. En politique extérieure, il était très attaché à la paix, ce qui lui valut l'hostilité des partisans de la revanche au moment de la crise boulangiste. Il fut réélu à la présidence en 1885 à la fin de son septennat. En 1887, son gendre le député Daniel Wilson ayant été convaincu de trafic d'influence, les Chambres obligèrent Grévy à donner sa démission. La République opportuniste dévoilait un début d'affairisme parlementaire dont s'emparait l'agitation nationaliste.

Jules Grévy, président de la République (1807-1891) - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Jules Grévy, président de la République (1807-1891)

Jules Grévy - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Jules Grévy

— Armel MARIN

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Écrit par

  • : metteur en scène, conseiller en éducation populaire et techniques d'expression

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Jules Grévy, président de la République (1807-1891) - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Jules Grévy, président de la République (1807-1891)

Jules Grévy - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Jules Grévy

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