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HOFFMANN JULES (1941- )

Jules Hoffmann - crédits : D.R.

Jules Hoffmann

Biologiste français d'origine luxembourgeoise, Jules Alphonse Nicolas Hoffmann a reçu, avec Ralph N. Steinmann et Bruce A. Beutler, le prix Nobel de physiologie ou médecine en 2011 pour ses découvertes concernant les modes de reconnaissance et d'activation de l'immunité innée, la première ligne de défense des organismes vivants contre les agents infectieux et pathogènes.

De l'endocrinologie à l'étude de l'immunité innée chez les insectes

Né le 2 août 1941 à Echternach (Luxembourg), Jules Hoffmann obtient son doctorat d'État à Strasbourg en 1969 et est naturalisé français l'année suivante. Initié à la recherche fondamentale par Pierre Joly, il s'intéresse au criquet migrateur qui passionne les chercheurs pour ses capacités de défense et de résistance aux microbes. Pierre Joly propose à Jules Hoffmann d'étudier les cellules sanguines (hémocytes) de cet animal. Ces travaux le conduisent à participer à la découverte, en 1968, de l'organe réticulo-hématopoïétique dont l'irradiation entraîne une incapacité des insectes à se défendre contre les infections bactériennes et à effectuer leurs mues. Cet organe serait responsable de la sécrétion d'ecdysone, une hormone impliquée dans la mue et qui avait été découverte en 1954 par Peter Karlson et Adolph Butenandt. Jules Hoffmann va alors entreprendre un travail remarquable aux frontières de la biologie du développement et de la biochimie, en rejoignant le laboratoire de Peter Karlson à l'université de Marbourg (République fédérale d'Allemagne). Il analyse ainsi les voies de synthèse de l'ecdysone et son métabolisme. Il parfait sa formation d'endocrinologiste dans le laboratoire d'Émile-Étienne Beaulieu et de biologiste moléculaire dans celui de Pierre Chambon.

En 1978, à la suite du départ en retraite de Pierre Joly, Jules Hoffmann lui succède à la direction du laboratoire de Biologie générale de l'Institut de zoologie de Strasbourg, qui devient alors le laboratoire Réponse immunitaire et développement chez les insectes. À la suite des travaux de Hans G. Boman, montrant qu'un papillon (Hyalophora cecropia) produit, pour se défendre, des peptides antimicrobiens (cécropine et attacine), Jules Hoffmann et son équipe vont isoler d'autres peptides chez différents insectes. Ils démontrent que ces substances, produites rapidement après une infection, se classent en différentes familles selon leur séquence et leur activité. Ils délaissent le criquet pour travailler sur des insectes de l'ordre des diptères, notamment la drosophile. Ils découvrent alors un autre peptide antimicrobien chez un membre de cet ordre (Phormia terranovae), la diptéricine, trouvée également chez la drosophile. En étudiant la séquence du promoteur qui contrôle l'expression du gène codant la diptéricine chez la drosophile, Jules Hoffmann et ses collègues y observent alors la présence de motifs d'ADN très semblables à ceux qui sont impliqués dans la fixation de facteurs de transcription de la famille NF-κB (une famille de facteurs de transcription impliqués dans la régulation des gènes de l'immunité, dont la molécule type a été appelée NF-κB, pour nuclear factor kappa-light-chain-enhancer of activated B cells). Cette découverte conduit Jules Hoffmann à proposer que la production de diptéricine chez la drosophile se déclenche grâce à un mécanisme très similaire à celui qui est mis en jeu dans la voie NF-κB chez les mammifères. Cette réponse innée s'accompagne de la production de molécules pro-inflammatoires. Toutefois, elle n'est pas mémorisée (elle ne donne pas naissance à des cellules « mémoires » capables de s'activer très rapidement lors de rencontres ultérieures avec le même agent pathogène), contrairement à la réponse adaptative (immunité adaptative ou spécifique), plus longue à s'établir[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale

Classification

Média

Jules Hoffmann - crédits : D.R.

Jules Hoffmann

Autres références

  • DÉCOUVERTE DES DÉFENSES IMMUNITAIRES DES INSECTES

    • Écrit par
    • 660 mots

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