MARCOU JULES (1824-1898)
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Un géologue du monde
Aux États-Unis de 1851 à 1854, Marcou revient en Europe où il demeure jusqu’en 1860. Il est nommé en 1856 professeur de géologie et paléontologie à l’École polytechnique fédérale de Zurich, poste qu’il quitte en 1858 pour raisons de santé. Ces épisodes répétés de maladie qui scandent autant de ruptures dans la vie de Marcou, voyageur infatigable par ailleurs, ne peuvent qu’interroger.
Cette période est très féconde, il publie plusieurs notices de ses travaux. Il réalise une deuxième édition de sa carte géologique des États-Unis et cherche à aller plus loin.
Il avait été le premier à établir le synchronisme des faunes du Jura en Europe et en Amérique. Il comprend que seules des données acquises puis compilées à l’échelle mondiale permettraient de retracer une histoire globale de la Terre.
Il réalise alors deux cartes de géologie mondiale qui sont pour lui la synthèse donnant sens aux innombrables travaux de terrain.
La première résulte d’une démarche très originale. Il ose élargir à l’échelle du globe ce qui n’avait été qu’esquissé par Élie de Beaumont à l’échelle du centre de l’Europe : il place sur une carte du globe les terrains jurassiques à fossiles marins connus, ce qui établit la position des mers au Jurassique et donc celles des continents – régions où ces dépôts sont absents –, élaborant ainsi une paléogéographie du Jurassique, la Carte du globe à l’époque jurassique, publiée en 1860 à Paris.
La seconde est le fruit des échanges de cet homme de réseau avec plus de 200 correspondants des quatre coins du monde. Marcou compile leurs apports et les contenus des publications de la discipline pour établir la deuxième carte géologique de la Terre, moins spéculative que celle, pionnière, d’Ami Boué (1843). De fait, il n’y reporte que les données obtenues et refuse d’extrapoler la géologie des terres encore inconnues. Bilingue (français et anglais), construite à l’échelle 1/23 000 000, la première édition est publiée à Zurich en 1861 – une seconde, en 1875, sera très augmentée. Cet énorme travail de synthèse lui vaut une renommée considérable.
À moins de quarante ans, il a réalisé l’essentiel de son œuvre et sa réputation scientifique est au plus haut en France comme dans le monde entier.
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Écrit par
- Françoise DREYER : agrégée de l'université, historienne des sciences, chercheuse associée au Centre François Viète, université de Nantes
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Médias