MAZARIN JULES (1602-1661)
Si Mazarin occupe dans l'histoire de la France et dans celle de l'Europe une place si importante, c'est qu'il a poursuivi et même couronné l'œuvre de Richelieu. Grâce à lui, les effets d'une continuité, rare dans la vie politique nationale, se sont fait sentir, à l'intérieur par le triomphe de l'absolutisme, à l'extérieur par l'abaissement de la Maison d'Autriche et la prépondérance française. Ces résultats ont été acquis au cours d'un ministère de moins de vingt ans. Pourtant, à l'avènement de Louis XIV, la situation est inquiétante. La guerre « ouverte » dure depuis huit ans. Les congrès de paix ne sont pas encore réunis. Surtout une longue minorité commence, propice aux agitations et aux révoltes. Et c'est à un étranger qu'est confié le gouvernement. Mais cet Italien, qui devait accroître le royaume de « quatre nations » (Pignerol, Alsace, Cerdagne-Roussillon et villes des Pays-Bas espagnols), allait se révéler l'un des artisans les plus résolus de la grandeur française.
Un homme secret
La personnalité de Jules Mazarin est difficile à connaître. Il n'a pas donné la clé de son caractère, moins par discrétion ou par calcul que par goût de l'action. Pris par les affaires qu'il traite, il ne songe pas à s'analyser lui-même. On ne le découvre que par échappées. Pour forcer le mystère, il faut recourir à des témoins non prévenus (et Dieu sait si Mazarin a eu des ennemis !) et aux milieux qui l'ont formé. Au physique, « bel homme ... œil vif et d'esprit », un visage doux, avec, parfois, des lueurs de tristesse. Intellectuellement, les dons les plus rares : il comprend, retient et pressent tout. Moralement, un courage que rien n'amollit mais aussi de la modestie dans le triomphe. À la rude école de la Curie, il a dû plier une nature, au départ indépendante, et pratiquer, comme tant d'autres là-bas, la dissimulation. Rome lui a encore enseigné les manœuvres obliques, la souplesse, l'art du compromis mais aussi le sens de l'humain, tandis qu'au contact de Richelieu, il a su le prix des décisions rapides et fortes. Aucun de ses adversaires n'a la même puissance de travail, la même constance dans l'effort, la même ampleur de vues. Hélas ! ces qualités hors de pair sont gâtées par une avarice qu'il n'a jamais cherché à réprimer. Il ne peut résister à l'appât du gain. Cupide, il l'est d'ailleurs moins pour thésauriser que pour satisfaire des goûts fastueux qui furent longtemps au-dessus de ses moyens. Car, pour ses propres affaires, il est fort négligent. S'il laisse en mourant des millions, c'est grâce à l'habile gestion de Colbert. Encore faut-il noter que la fortune de Mazarin (dont plus d'un tiers prêté au roi ne fut jamais rendu) était, en réalité, précaire. Entamée largement par les dispositions testamentaires du cardinal, elle s'amenuisa très vite entre les mains des héritiers.
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Écrit par
- Madeleine LAURAIN-PORTEMER : chargée de recherche au C.N.R.S.
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