MOCH JULES (1893-1985)
Grande figure du socialisme français du xxe siècle, Jules Moch adhéra en octobre 1924 à la S.F.I.O. de Léon Blum, dont il épousa l'essentiel des idées, pour démissionner, le 31 décembre 1974, du Parti socialiste de François Mitterrand, dont il contestait la politique d'union de la gauche. Pendant près de cinquante ans, il occupa au sein de son parti une place éminente qui lui valut d'être de nombreuses fois ministre, sous la IIIe République comme sous la IVe.
Né à Paris le 15 mars 1893, fils du colonel Gaston Moch – fervent défenseur du capitaine Dreyfus –, il entre à l'École polytechnique en 1912. Il porte l'uniforme pendant huit années consécutives. Il entre ensuite, en 1920, dans l'industrie privée, travaillant d'abord comme ingénieur dans une entreprise de travaux publics, puis comme directeur d'une filiale de celle-ci dans les républiques baltes – ce qui le conduit à Moscou, séjour qu'il raconte dans La Russie des soviets (1925) –, enfin comme administrateur délégué d'une grande entreprise. Léon Blum, avec lequel il entretient depuis 1926 des liens d'amitié qui ne devaient jamais se relâcher, le pousse à la députation et il est élu, en avril 1928, à la Chambre des députés, où il représente la circonscription de Valence, siège qu'il conservera jusqu'en 1936. Membre de la commission des travaux publics et des moyens de communication, il est l'auteur de plusieurs propositions de nationalisation, notamment celle des chemins de fer. Battu au premier tour des élections de 1936, il est nommé par Léon Blum secrétaire général de la présidence du Conseil. Après la disparition du député socialiste de Sète, il est élu en 1937 dans l'Hérault, et Léon Blum le nomme sous-secrétaire d'État à la présidence du Conseil ; il sera ensuite promu ministre des Travaux publics et des Transports dans le deuxième gouvernement Blum (13 mars-8 avril 1938).
En septembre 1939, grâce à l'intervention de l'amiral Darlan (Rencontres avec Darlan, 1968), il s'engage dans la marine et participe à l'expédition de Norvège. Le 10 juillet 1940, à Vichy, il est l'un des « quatre-vingts » qui ont défendu jusqu'au bout la République en refusant de voter le texte préparé par le maréchal Pétain reconnaissant à ce dernier le pouvoir constituant. Arrêté le 25 septembre, il est incarcéré à Pellevoisin, dans l'Indre, en compagnie de Vincent Auriol et de Marx Dormoy, puis est transféré à Aubenas et à Vals. Le remplacement de Laval par Darlan, en février 1941, lui permet d'être libéré. Il constitue un petit groupe de résistants appelé « 1793 » dont les membres, éparpillés de l'Ardèche à l'Aude, se livrent à des sabotages. Il rallie par Gibraltar les forces navales françaises libres de Londres. Il navigue, gagne Alger, où il assiste aux réunions de l'Assemblée consultative provisoire, et participe aux opérations navales sur la côte de Provence en août 1944.
Membre de l'Assemblée consultative provisoire, puis des deux Constituantes et enfin de l'Assemblée nationale où il représentera l'Hérault jusqu'en 1958, il participe à tous les cabinets de 1945 à 1951. Le général de Gaulle lui confie, en novembre 1945, le ministère des Travaux publics et des Transports, portefeuille qu'il conserve dans les gouvernements Félix Gouin, Georges Bidault, Léon Blum et Paul Ramadier avec la charge de la reconstruction de toutes les voies de communication (réseaux routier, ferroviaire et fluvial).
Dans le cabinet formé par Robert Schuman, en novembre 1947, il se voit confier le ministère de l'Intérieur où il demeurera, jusqu'en février 1950, dans les gouvernements André Marie, Robert Schuman, Henri Queuille et Georges Bidault. Son passage au ministère de l'Intérieur reste marqué par[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Claude MAITROT : professeur de droit public à l'université de Paris-V-René-Descartes
Classification
Autres références
-
TILLON RAYMONDE (1915-2016)
- Écrit par Charles-Louis FOULON
- 879 mots
- 1 média
« L'esprit de liberté, la soif de justice, la lutte contre l'arbitraire sous toutes ses formes » : c'est ce qui caractérisait Raymonde Tillon, selon le communiqué par lequel le président de l'Assemblée nationale salua sa disparition, le 17 juillet 2016. Déjà, pour célébrer les cent ans de la dernière...
-
TUNNEL SOUS LA MANCHE
- Écrit par Laurent BONNAUD
- 9 420 mots
- 9 médias
Les partisans de la route proposent des alternatives. Au début des années 1960, l’ancien ministre Jules Moch devient le plus ardent défenseur d’un projet de pont routier et fait campagne en faveur de la Société d’étude du pont sur la Manche (SEPM).