PASDELOUP JULES (1819-1887)
Ce chef d'orchestre français, fils d'un chef d'orchestre de l'Opéra-Comique, François Pasdeloup, voit le jour à Paris le 18 septembre 1819. Au Conservatoire, il travaille le piano (premier prix en 1834), le violon et la composition avec François Bazin, Pierre-Joseph-Guillaume Zimmermann et Michele Carafa. Il joue d'abord dans divers orchestres. Après quelques essais infructueux dans le domaine de la composition, les personnalités les plus éminentes du second Empire font appel à lui pour organiser les concerts qui se déroulent dans leurs salons. En 1851, il fonde la Société des jeunes artistes avec des musiciens du Conservatoire. Cet orchestre donne son premier concert à la salle Herz en 1853. Pasdeloup est l'un des premiers chefs d'orchestre français à troquer son archet contre la baguette de direction. L'expérience est concluante dans une ville où la vie symphonique est alors concentrée autour de la Société des concerts du Conservatoire, mais le déficit augmente au fil des années. En 1861, il renouvelle son expérience en fondant la Société des concerts populaires, orchestre destiné à présenter le grand répertoire symphonique à un public qui n'avait pas le privilège de fréquenter les salles traditionnelles. D'emblée, il remplit chaque dimanche les cinq mille places du Cirque d'hiver avec la musique de Haydn, de Mozart, de Beethoven et des premiers romantiques. Il crée également des œuvres de Gounod (Symphonie no 1, 1855), Saint-Saëns (Symphonie no 2, 1860), Massenet (Suite pour orchestre no 1, 1867) et Bizet (Roma, 1869), mais il s'intéresse surtout au répertoire classique et romantique. En 1866, il est également directeur musical du théâtre de l'Athénée, qui vient d'ouvrir ses portes, et, en 1868, il succède à Léon Carvalho à la direction du Théâtre-Lyrique, où il dirige pour la première fois en France Rienzi, de Wagner, et Un bal masqué, de Verdi. Il consacre en outre une part importante de ses activités au Conservatoire de Paris, où il enseigne le solfège dès 1841, le piano entre 1847 et 1850, avant de se voir confier la classe d'ensemble choral (1855-1868).
Ruiné par la guerre de 1870, il parvient à faire redémarrer les Concerts populaires, avec lesquels il effectue quelques tournées. Mais les hommes et les structures de la vie musicale française ont changé. Pasdeloup, qui occupe le terrain depuis une dizaine d'années, résiste difficilement à la concurrence d'Édouard Colonne et de Charles Lamoureux, qui fondent chacun un orchestre du même type, respectivement en 1873 et en 1881. Ces nouvelles formations, mieux organisées, parviennent à un niveau d'exécution sensiblement plus élevé et se tournent résolument vers la musique de leur temps. Malgré quelques créations importantes (Le Rouet d'Omphale de Saint-Saëns, 1872 ; Patrie de Bizet et Wallenstein de Vincent d'Indy, 1874 ; l'ouverture du Roi d'Ys de Lalo, 1876 ; Lénore de Duparc, 1877), les Concerts populaires cessent leurs activités en 1884 après un ultime concert au Trocadéro, qui assure à Pasdeloup une retraite supérieure à cent mille francs. Il meurt à Fontainebleau le 13 août 1887. L'orchestre renaîtra en 1919 sous l'impulsion de Serge Sandberg et adoptera le nom de Concerts Pasdeloup.
Les témoignages de l'époque s'accordent à reconnaître que Jules Pasdeloup ne possédait pas la stature d'un grand chef d'orchestre. Mais il a su apporter dans la vie musicale parisienne un contrepoids important à la Société des concerts du Conservatoire, jusqu'alors réservée à une élite sociale. Et si le niveau de son orchestre ne pouvait faire de l'ombre à une formation alors considérée comme l'une des meilleures au monde, il a joué un rôle de défricheur essentiel en partant à la recherche d'un nouveau public qui allait justifier la création de nouveaux orchestres (Colonne[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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