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BARNES JULIAN (1946- )

Julian Barnes - crédits : Ulf Andersen/ Getty Images

Julian Barnes

Né à Leicester en 1946, Julian Barnes obtient un diplôme de langues modernes à Oxford avant de suivre des études de droit. Après avoir successivement travaillé comme lexicographe, critique de télévision, critique littéraire (au Sunday Times) et échotier, il se consacre à l'écriture ; mais il ne dédaigne pas, à l'occasion, de renouer avec le journalisme. C'est ainsi que, à la demande de la prestigieuse revue New Yorker, il a accepté de tenir une chronique régulière à l'attention de ses lecteurs américains : réunies en un volume, ses Letters from London (1995) fourmillent de notations caustiques sur la société britannique des années Thatcher et Major, tout en témoignant d'une grande complicité avec ces personnages excentriques que sont les Anglais. Cette veine se poursuivra avec England, England (2002). C'est pourtant sa francophilie prononcée qui lui avait ouvert les portes de la gloire littéraire. L'action de son premier roman, Metroland (1980), d'une irrésistible drôlerie, se passe partiellement à Paris pendant les événements de 1968. Avec son troisième ouvrage, Flaubert's Parrot (1984, Le Perroquet de Flaubert), d'un genre inclassable, Barnes franchit une nouvelle fois la Manche : médecin à la retraite, Geoffrey Braithwaite s'est entiché de Flaubert, de l'homme et de son œuvre. Il entend mener l'enquête, à Paris et en Normandie, sur le mystère du perroquet mentionné à la fin d'Un cœur simple : comment s'assurer que le volatile conservé à l'Hôtel-Dieu est le bon, alors que celui découvert au pavillon Croisset porte une inscription de la main de Flaubert affirmant qu'il lui a bel et bien servi de modèle ? Loin d'apporter des réponses, l'ouvrage brouille les pistes et s'avance masqué, puisque le lecteur finit par découvrir que le biographe impénitent est un mari trompé, dont la femme s'est suicidée, et qu'il a peut-être entrepris cette impossible détection fictive pour échapper à sa propre histoire. Deux ans auparavant, Before She Met Me (1982, Avant moi) abordait ce qui allait devenir un leitmotiv de l'œuvre : la jalousie amoureuse. Celle-ci fait retour, sur un mode moins tragique, dans Talking It Over (1991, Love,etc.), dont l'intrigue triangulaire évoque irrésistiblement le film Jules et Jim de Truffaut. Le livre trouvera une suite avec Love, etc. (2000, Dix Ans après). A History of the World in 10 1/2 Chapters (1989, Une Histoire du monde en dix chapitres et demi) reste son roman le plus ambitieux : Julian Barnes y applique les recettes de l'écriture postmoderniste sur l'imbrication des récits, la subversion des grands textes canoniques (en l'occurrence la Genèse), l'intertextualité pastichante, l'historicisation du réel, etc. ; surtout, il y pousse très loin l'esprit de jeu et d'irrévérence... avant de verser dans un sentimentalisme de pacotille, à l'occasion du demi-chapitre intitulé « Parenthèse ». Du Déluge à l'Apocalypse finale (sous la forme d'un paradis/enfer de la consommation) défile l'histoire d'une humanité embarquée, dont le fabuliste relate les plus retentissants naufrages. L'œuvre de Julian Barnes, à qui l'on doit aussi Staring at the Sun (1986, Le Soleil en face), curieux roman d'anticipation, Cross Channel (1996), est parfaitement représentative du renouveau du roman anglais, lequel passe notamment par le mélange des genres, à l'image de son Porcupine (1992), satire politique sur les anciennes dictatures communistes d'Europe orientale. Barnes aime aussi jouer avec les identités : sous le pseudonyme à consonance irlandaise de Dan Kavanagh, il a signé dans les années 1980 quatre romans policiers qui ont pour cadre les quartiers interlopes de Londres. Une bonne part de la séduction exercée par l'œuvre plaisamment polymorphe[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Média

Julian Barnes - crédits : Ulf Andersen/ Getty Images

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