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PITT-RIVERS JULIAN (1919-2001)

C'est sans doute autant à ses origines familiales qu'aux aléas de son histoire personnelle que Julian Pitt-Rivers doit d'être devenu un défricheur de concepts originaux dans les sciences humaines, et l'un des pionniers des recherches en anthropologie du monde méditerranéen.

Julian Pitt-Rivers naît à Londres en 1919. Il est l'arrière-petit-fils du général Pitt-Rivers, qui fut l'un des premiers archéologues à développer des méthodes de fouilles minutieuses... sur le domaine familial du Dorset, et dont les collections sont à l'origine du musée Pitt-Rivers à Oxford (1883). Il passe sa petite enfance en Australie où son grand-père maternel avait été gouverneur général, mais c'est au collège d'Eton qu'il fait ses études secondaires. Son attachement à la culture française se précise dès le début de sa vie universitaire, lorsqu'il décide en 1936 d'entreprendre des études de langue et littérature françaises à Grenoble, avant de s'inscrire à l'École libre des sciences politiques de Paris, qu'il fréquente de 1937 à 1939. La guerre le pousse à interrompre ses études au Worcester College d'Oxford pour s'engager dans le régiment des Royal Dragoons de la VIIIe armée. Il participe ainsi aux campagnes d'Égypte, de Libye, de Tunisie, d'Italie, de France, de Belgique, des Pays-Bas, d'Allemagne et du Danemark, et finit avec le grade de capitaine.

À sa démobilisation, il est choisi pour être pendant deux ans précepteur du jeune roi Fayçal II d'Irak. Cette expérience du monde arabe le plonge dans le relativisme culturel (il tente de montrer l'inanité du projet consistant à préparer le roi à entrer dans une public school anglaise au lieu de lui assurer une connaissance approfondie de sa propre culture) et le conduit à s'intéresser au monde méditerranéen. Persuadé que celui-ci est une totalité composée d'une grande variété culturelle enrichie par des emprunts réciproques constants, il décide de reprendre ses études à l'Institut d'anthropologie sociale d'Oxford. Ses professeurs, Meyer Fortes, Evans-Pritchard et Peristiany, trois africanistes, l'appuient dans sa détermination de refuser l'opposition encore acceptée à l'époque entre „primitifs“ et „non-primitifs“, et sa résolution d'appliquer la méthode anthropologique à l'étude des communautés méditerranéennes. Il choisit alors de consacrer sa thèse de doctorat à Grazalema, un village andalou de la sierra de Cadix connu pour ses sympathies anarchistes. De 1949 à 1952, il ne partage pas seulement la vie des habitants du lieu, mais il a aussi l'occasion de rencontrer de nombreux intellectuels espagnols, dont Julio Caro Baroja, l'un des fondateurs de l'ethnologie espagnole, avec qui il nouera une profonde amitié.

Publiée en 1954 sous le titre The People of the Sierra, sa thèse est diversement appréciée dans son pays d'origine, mais reçoit un excellent accueil aux États-Unis. Après avoir entrepris une longue recherche dans une communauté rurale du Quercy en France, Pitt-Rivers est invité par George Foster en 1957 à travailler avec les hispanistes du département d'anthropologie de l'université de Berkeley. Puis, de 1958 à 1969, Robert Redfield lui propose un poste à mi-temps de visiting professor à l'université de Chicago. Au cours de cette période, il dirige avec Norman McQuown une équipe de recherche sur le changement culturel et social des Indiens Maya du Chiapas (Mexique) ; il étudie ensuite pour l'Institute of Race Relations de Londres le vocabulaire des relations inter-ethniques dans les Andes. En 1964, Claude Lévi-Strauss lui propose d'enseigner à l'École pratique des hautes études.

En 1971, il accepte d'occuper la chaire de Malinowski et de Firth à la London School of Economics où[...]

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Écrit par

  • : docteur en anthropologie (E.H.E.S.S.), chargé de recherche au C.N.R.S.

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