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SCHNABEL JULIAN (1951- )

Symbole du retour en grâce de la peinture dans les années 1980 et de la bulle spéculative qui s'empara du marché de l'art, Julian Schnabel est aujourd'hui reconnu pour ses talents de réalisateur dans le cinéma. Né à Brooklyn en 1951, il a fait ses études au Texas (1969-1973), voyagé en Europe avant de revenir à New York en un temps où la peinture était disgraciée. La scène artistique baignait alors dans l'austérité intellectuelle du minimalisme et de l'art conceptuel. Julian Schnabel, à l'instar de David Salle, pratique une peinture lyrique. Néo-expressionniste, il est classé dans la catégorie de la Bad Painting et participe de cette lame de fond qui a réhabilité la peinture en Allemagne, en Italie, en Grande-Bretagne et en France sous diverses appellations. Si Schnabel ne défend pas de style particulier (tantôt matiériste, tantôt proche d'un style rupestre), il se caractérise par l'excès de ses formats choisis pour ses œuvres. Dès 1978, il amorce la série des Plate Paintings qu'il réalisera jusqu'en 1997. Sur des surfaces immenses, il colle des assiettes cassées, créant une matière picturale sauvage, impulsive qui répond à ses thèmes de prédilections : la sexualité, l'obsession, la souffrance, la rédemption, la croyance. Mais il intègre également toutes sortes d'objets et de matières dans ses tableaux-environnements : des textiles, des images, des fragments de bois de cerf, des sacs de jute, des morceaux de carrosserie, de la ouate, du bois. Tous ces éléments confèrent un caractère narratif aux compositions de Schnabel et une qualité excentrique répondant parfaitement à la personnalité du jeune artiste. Grisé par le succès, bénéficiant rapidement d'une cote élevée, exposé à seulement trente et un ans à la Tate de Londres et au Stedelijk d'Amsterdam, célébré par une monographie au Centre Georges-Pompidou en 1987, Julian Schnabel fait les gros titres. Dès 1986, il publie sa première autobiographie. Il assume parfaitement son éclectisme pictural. Avec d'autres peintres comme Eric Fischl et David Salle, il symbolise l'excès d'ego, de taille et d'argent. Les années 1990, marquées par un retour à l'ordre brutal du marché, ne lui pardonneront pas cette ostentation. Schnabel s'attelle alors à la réalisation d'un film sur Basquiat (1996) qui lui vaut de bonnes critiques. En 2000, c'est la biographie du poète Reinaldo Arenas (Before the Night Falls) qui attire le peintre, galvanisé par les thèmes de la chute, de la rédemption et de la foi. La consécration cinématographique arrive en 2007 avec le prix qui lui est décerné au festival de Cannes pour sa mise en scène du Scaphandre et le papillon. Schnabel est désormais consacré comme réalisateur, même s'il tient à rappeler qu'il n'a pas abandonné pour autant la peinture. « La peinture est la seule chose qui me convienne. Elle m'a attiré beaucoup de problèmes, et lorsque j'ai des problèmes, je peins pour m'en sortir. La plupart des autres choses me pèsent, et la peinture est une machine contre la gravité. »

— Bénédicte RAMADE

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Écrit par

  • : critique d'art, historienne de l'art spécialisée en art écologique américain

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