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CAIN JULIEN (1887-1974)

Né à Montmorency, Julien-Maurice Cain, agrégé d'histoire, se trouvait du fait de ses blessures, à l'issue de la guerre, en 1918, hors d'état de reprendre son métier de professeur. Directeur du service d'information et de documentation étrangères du Quai d'Orsay puis, en 1927, du cabinet du président de la Chambre des députés, les circonstances l'avaient mené à la politique. S'il y garda toujours un pied, ce fut pour être en mesure d'accomplir une œuvre que nul autre que lui n'aurait menée à bien.

Administrateur général de la Bibliothèque nationale le 1er mai 1930, commissaire à l'Exposition des arts et techniques en 1937, secrétaire général du ministère de l'Information en avril 1940, Julien Cain est révoqué de toutes ses fonctions en juillet par le gouvernement de Vichy, arrêté par la police allemande le 12 février 1941, interné au fort de Romainville, déporté à Buchenwald le 19 janvier 1944. Libéré le 16 mai 1945 par l'armée américaine et réintégré dans ses fonctions, directeur des bibliothèques de France le 1er mars 1946, membre de l'Institut en 1952, ayant pris sa retraite en 1964, Julien Cain connaît encore dix années d'activités comme conservateur du musée Jacquemart-André, fonction qu'il occupe depuis 1963, avant de mourir à Paris, le 9 octobre 1974. Il était grand-croix de la Légion d'honneur, médaillé de la Résistance, K.C.B.E., docteur honoris causa de plusieurs universités étrangères.

Il avait présidé ou participé à quantité d'organismes, outre les organismes liés directement à ses fonctions, tels l'Encyclopédie française, le Centre de recherches pour la conservation des documents graphiques fondé avec son compagnon de Buchenwald, Roger Heim, l'O.R.T.F., l'Inventaire général des richesses d'art de la France, etc., énumération d'ailleurs incomplète qui montre toute la diversité de son action au service de la « civilisation écrite » – titre du volume de l'Encyclopédie française, dont il eut la responsabilité – et l'importance de son influence dans l'organisation de la vie intellectuelle.

Julien Cain, qui n'était pas un « spécialiste », s'était pourtant fait une spécialité dans ce que l'on a appelé l'« humanisme actif », mots justement choisis pour lui être appliqués. Si l'on connaît un peu un homme par ceux dont il s'entoure, les noms d'amis qui suivent, cités pêle-mêle, éclairent sa personnalité : Valéry, Dunoyer de Segonzac, Braque, Waroquier, Barrault, Milhaud, Walter, Romain, Zweig, Colette, Lüdwig, Duhamel..., sans compter les hommes politiques et tant d'autres. On les rencontrait, l'été, dans la demeure de Louveciennes que lui avait apportée son mariage en 1921 avec Lucienne Mayer, issue d'une famille parente ou alliée des Bréal, Crémieux, Cahen d'Anvers, Proust... Autour des maîtres de maison, qui ne formaient autant dire qu'une personne (Lucienne Cain ne survécut que quelques semaines à son mari), une société aussi diverse répondait sans doute aux tendances de Julien Cain. Son ouverture à toute valeur vraie n'allait pas pour autant à la dispersion. Il possédait une force de continuité dans la poursuite d'un grand dessein qui lui faisait concevoir le service de l'esprit comme une construction ordonnée.

Quand il la prit en main, la Bibliothèque nationale n'était plus depuis longtemps à proposer en exemple. Sa rénovation requérait les moyens d'un homme de haute stature. Julien Cain entreprit de porter cet incomparable instrument de travail au plus haut point de perfection possible, tâche redoutable dans un établissement où les problèmes de toute nature étaient imbriqués. Il en vint à bout grâce à l'appui des ministres Anatole de Monzie et Jean Zay, grâce aussi[...]

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Écrit par

  • : conservateur en chef honoraire de la bibliothèque Mazarine

Classification

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  • BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE

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