LE ROY JULIEN DAVID (1724-1803)
Architecture et histoire
L'organisation et le contenu des Ruines des plus beaux monuments de la Grèce sont symptomatiques d'une nouvelle manière d'étudier l'architecture et illustrent les rapports entre la théorie des arts et l'Antiquité au xviiie siècle. L'ouvrage est à la fois un récit de voyage, une suite de vues pittoresques, une étude historique d'Athènes, de ses monuments et de ses ports, et un traité de théorie d'architecture. Les textes contiennent d'importantes corrections apportées aux traductions antérieures de Vitruve, notamment celle de Claude Perrault. Le Roy était également au courant des liens entre ses recherches et les problèmes contemporains de la cartographie. Il a publié deux études sur la longueur du pied et du stade, mesures utilisées par les Grecs, qui fournissent des renseignements précis que le cartographe Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville cite dans ses travaux.
La comparaison des détails et des mesures de monuments grecs de différentes époques est un des aspects les plus novateurs de l'ouvrage de Le Roy ; elle eut comme effet de démolir définitivement l'idée d'un moment dans l'histoire de l'architecture où les ordres classiques auraient eu des proportions fixes et parfaites. Il montre en effet à travers une étude chronologique que les ordres ont évolué en fonction d'un climat et de matériaux donnés, mais aussi par rapport au gouvernement et aux mœurs d'un peuple. Ainsi, l'architecture est la véritable écriture des civilisations et un indice de leur progrès. Le développement progressif des formes architecturales fut illustré par Le Roy dans deux tableaux (1764, 1770) regroupant les plans comparés des principaux temples antiques et des églises chrétiennes classés en ordre chronologique, jusqu'à la chapelle de Versailles et aux projets des églises Sainte-Geneviève (le futur Panthéon) et la Madeleine à Paris.
Pour Le Roy, l'étude des ordres et de leurs détails ne fournissait aucun principe universel sur lequel une théorie d'architecture pouvait être établie. Abandonnant l'esthétique classique de Jacques-François Blondel et évitant la doctrine rigide de Marc-Antoine Laugier, toutes les deux fondées sur l'idée que la beauté d'un édifice réside dans ses proportions, il fut obligé de chercher ailleurs que dans les ruines antiques des bases plus substantielles sur lesquelles il pouvait établir des principes esthétiques propres à l'architecture.
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Écrit par
- Christopher Drew ARMSTRONG : diplômé en architecture de l'université de Toronto, Master of Philosophy de l'université Columbia, New York
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Autres références
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