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LE ROY JULIEN DAVID (1724-1803)

Architecture et sensations

C'est dans les écrits de Le Roy que pour la première fois les effets des recherches sur l'entendement humain étaient pris en compte dans la théorie de l'architecture, au moment où Diderot dans son article « Beau » de l'Encyclopédie (1752) et Edmund Burke dans son Philosophical Enquiry into the Origin of our Ideas of the Sublime and the Beautiful (1757) établissaient les principes de l'esthétique sur les mêmes bases.

Dans la nouvelle édition (1770) des Ruines, Le Roy trouve dans la nature les principes essentiels qui forment le goût en identifiant parmi toutes les sensations offertes à la vue celles qui, fortes, claires et constamment répétées, sont les seules capables de plaire. Il classe l'effet provoqué par ces sensations en deux catégories, la première comprenant tous les objets dans lesquels on perçoit la symétrie et une régularité parfaite, comme la structure des animaux ; la deuxième comprenant ceux dans lesquels on relève une disparité frappante, comme la disposition des astres dans le ciel. Ces deux catégories répondent, la première à un goût classique que l'on retrouve par exemple dans les jardins à la française ; la deuxième à un goût pittoresque propre aux jardins anglais ou chinois.

La nature devient ainsi pour lui une sorte de laboratoire des sensations et Le Roy pousse ses réflexions à leur conclusion logique : le premier, il conçoit le spectateur en mouvement dans l'espace architectural comme un voyageur, à l'image de l'astronome, du cartographe ou du navigateur. La plus importante révolution opérée dans la théorie de l'art par Le Roy fut d'avoir substitué à l'œil immobile de la Renaissance un corps qui se déplace et un entendement qui se développe par rapport aux expériences acquises par la vision et le mouvement. Les sensations éprouvées par un spectateur qui marche le long d'une allée planté d'arbres ou d'une colonnade et les effets de lumière et d'ombre sur les formes suggèrent à Le Roy une succession de tableaux comparables aux images que la poésie fait naître.

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Écrit par

  • : diplômé en architecture de l'université de Toronto, Master of Philosophy de l'université Columbia, New York

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Autres références

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    • 1 287 mots

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