GERMANICUS JULIUS CAESAR (15 av. J.-C. 19 apr. J.-C.)
Un des chefs militaires les plus populaires, et sans doute aussi l'un des plus doués, de toute l'histoire romaine. Tacite, dans ses Annales, et d'autres historiens latins, comme Suétone, ont loué Germanicus, prince issu de la famille impériale julio-claudienne. Fils, en effet, de Drusus et d'Antonia, elle-même nièce d'Auguste, Germanicus est adopté, en 4, par Tibère. Sa beauté, sa culture — il est l'auteur notamment d'épigrammes, de comédies et de poèmes, hélas perdus —, la douceur de ses mœurs, sa modestie et sa compétence en tous domaines lui ouvrent largement les portes des honneurs. Il accède à la questure et au consulat, bien avant l'âge légal prévu par la Constitution romaine. À vingt ans, il commande déjà une armée chargée de soumettre les peuples de Dalmatie et de Pannonie. À trente ans (en 14), il se trouve à la tête de huit légions en Germanie pour venger la défaite infligée par Arminius à Varus, cinq ans auparavant. Il réussit à pacifier momentanément cette turbulente province jusqu'à l'Elbe. À la mort d'Auguste, les légions romaines proclament Germanicus empereur. Mais celui-ci, légaliste, refuse cette charge. Tibère, jaloux de Germanicus, dont Auguste pensait faire son successeur, le rappelle. Le nouvel empereur couvre Germanicus de flatteries, mais il supporte mal l'enthousiasme du peuple romain pour les triomphes de ce jeune, beau et prestigieux guerrier qui exerce sur ses troupes un ascendant considérable. Tibère éloigne Germanicus en Asie Mineure en le chargeant d'y réprimer une série de révoltes. Une fois de plus, Germanicus réussit et se fait même aimer par les indigènes, voyage en Judée et en Égypte, recueille à son passage acclamations et marques d'estime et d'affection. Il tombe brusquement malade à Antioche et meurt rapidement. A-t-il été empoisonné par Pison, gouverneur de Syrie à qui l'autorité et la popularité de Germanicus portaient ombrage ? Du moins est-ce la thèse que soutint son épouse, Agrippine l'Aînée. (Le suicide de Pison, après le procès qui lui fut intenté à ce sujet, n'accrédite-t-il pas cette hypothèse ? Et comme Pison était un des proches de Tibère, l'ordre d'empoisonner Germanicus n'est-il pas parti du palais impérial ?) Quoi qu'il en soit, la mort de Germanicus fut ressentie comme un deuil national et à Rome on compara, au milieu des cris de douleur, la carrière et le destin de Germanicus à ceux d'Alexandre le Grand. De son mariage, il eut neuf enfants dont le futur empereur Caligula (38-41) et Agrippine la Jeune (qui devait donner le jour à Néron).
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Écrit par
- Joël SCHMIDT : diplômé d'études supérieures d'histoire, directeur de collections historiques
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