Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

REUTER JULIUS (1816-1899)

Né à Kassel en Allemagne, Israël Beer Josaphat (Paul Julius Reuter après sa conversion) fut d'abord commis chez un oncle banquier à Göttingen, où il aurait fait la connaissance du mathématicien Gauss dont les travaux s'orientaient vers l'électromagnétisme. S'il se familiarise avec l'information en travaillant à Paris au Bureau Havas, il sera toujours plus préoccupé par les questions de transmission. En 1849, il organise la liaison (par pigeons voyageurs) entre les terminaux des lignes télégraphiques allemande d'Aix-la-Chapelle et franco-belge de Verviers. En 1851, au lendemain de l'installation du premier câble sous-marin Douvres-Calais, il s'établit à Londres, obtient la nationalité britannique et, sur le modèle Havas, crée cette agence Reuter, d'abord mal accueillie par des quotidiens qui se livrent par ailleurs une concurrence acharnée et fort onéreuse en matière d'information télégraphique. En 1858, The Morning Advertiser accepte pourtant les services de Reuter, puis c'est le tour du Times, malgré sa répulsion première, et enfin de l'ensemble de la presse. Lorsque, en 1860, Reuter, le premier, rapporte de Paris certains propos tenus par Napoléon III à l'ambassadeur d'Autriche, qui laissent présager l'imminence de la guerre en Italie, sa notoriété est définitivement acquise en Angleterre. Elle le sera à travers le monde lorsqu'il aura mis en œuvre un ingénieux système d'acheminement des nouvelles pendant la guerre de Sécession, consistant notamment à faire transporter par les courants des bouteilles lancées à la mer.

Fait baron en 1871 par le duc de Saxe-Cobourg-Gotha, Julius von Reuter se verra confirmer par la reine Victoria les privilèges attachés à ce titre.

L'Agence Reuter est une société à responsabilité limitée enregistrée au Royaume-Uni. Elle est la propriété de quatre associations représentant les quotidiens nationaux, ainsi que la presse régionale du Royaume-Uni et les journaux de la république d'Irlande, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, depuis 1941. À la fois société coopérative et trust, selon la législation britannique, elle ne pourrait être dissoute qu'après agrément du ministère de la Justice. Les propriétaires de l'Agence veillent non seulement à ce que la société ne tombe pas entre les mains d'un quelconque groupe d'intérêts particuliers, mais à ce que soient préservées l'intégrité, l'indépendance et la liberté d'esprit qui l'animent, et enfin à assurer l'essor, le développement et la souplesse d'adaptation de l'Agence pour la maintenir dans le groupe dominant des grandes agences mondiales d'information. Redevenue société commerciale privée en 1984 et cotée à la Bourse de Londres sous le nom de Reuters Holding PLC, l'Agence dispose, à côté de son fil général (politique, économique, sportif), d'un fil économique et financier remarquable . Son service économique, l'un des plus prestigieux sur le plan mondial, fournit en effet des informations financières, commerciales, économiques et industrielles à plus d'une centaine de pays. De cette activité spécialisée, qui offre aux institutions financières un accès permanent à une banque de données ainsi qu'à un système de transactions boursières informatisées, elle tire la majeure partie de ses recettes. Présente dans 150 pays, environ 2 500 journalistes, l'Agence Reuters, qui diffuse ses services en de nombreuses langues, occupe ainsi une position d'excellente rentabilité. Elle a toutefois été rachetée, en avril 2008, par le groupe d'information financière canadien Thomson, pour former le groupe Thomson Reuters.

— Pierre Albin MARTEL

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : licencié en droit, D.E.S. de sciences économiques, journaliste et éditeur

Classification