JUMEAUX (biologie)
Après avoir suscité un universel étonnement repris fréquemment sous la forme d'interrogations mythiques sur la genèse de l'individu et la singularité de son destin, le phénomène des jumeaux est devenu l'objet d'une investigation scientifique relevant à la fois de la psychologie et de la biologie.
C'est selon cette dernière approche qu'on examinera d'abord – avant d'en évoquer les études psychologiques puis les données anthropologiques – le problème de la gémellité ou de l'existence de ce qu'on pourrait appeler « un individu en deux exemplaires ».
L'œuf humain fait partie de la catégorie des œufs dits polyembryoniques, à partir desquels plusieurs individus peuvent se développer. Le phénomène de gémellité, fréquent dans le règne animal, a suscité de nombreuses études sur la genèse des jumeaux et les causes qui président à leur formation. La gémellité naturelle est de deux types. Elle est habituelle chez les espèces physiologiquement multipares, telles que les Suidés, les Rongeurs, les Carnivores, etc. Elle est sporadique chez les espèces normalement unipares, telles que les Équidés, les Bovidés et les Primates anthropomorphes. Chez l'Homme, elle est relativement rare et représente en moyenne 1,25 p. 100 du total des naissances.
On appelle jumeaux tous les enfants nés simultanément de la même mère. Les uns peuvent être de sexe opposé et ne pas se ressembler, ce sont les faux jumeaux, ou jumeaux fraternels. Ils sont environ deux fois plus fréquents que les jumeaux vrais, qui sont toujours de même sexe, et tellement semblables qu'il est souvent difficile de les distinguer.
Quelques cas de polyembryonie
Faux jumeaux
Les faux jumeaux, appelés encore jumeaux bivitellins, biovulairesou dizygotes (hétérozygotes), proviennent de deux œufs distincts qui se développent simultanément et possèdent chacun un chorion, comme cela se produit chez les Mammifères multipares. Deux ovules pondus en même temps, soit par un seul ovaire, soit par les deux, sont fécondés par deux spermatozoïdes qui peuvent être génétiquement différents, c'est-à-dire porter un hétérochromosome X ou Y. Les jumeaux seront de même sexe ou de sexe opposé.
Les deux zygotes s'implantent dans l'utérus indépendamment l'un de l'autre et s'y développent côte à côte. De ce fait, chaque embryon est nourri par son propre placenta. Les enveloppes fœtales sont distinctes ; il y a deux allantoïdes, deux amnios et deux chorions, d'où le nom de dichorioniquesattribué à ces jumeaux.
À la naissance, on peut constater qu'ils ne se ressemblent pas plus que des frères et sœurs normaux. Leur génotype étant différent, ces enfants résultent donc d'une polyovulation.
Jumeaux vrais
À l'inverse des faux jumeaux, les vrais jumeaux sont dits univitellins, uniovulaires ou monozygotes (homozygotes), car ils ont pour origine commune un seul ovule fécondé par un seul spermatozoïde. L'œuf résultant de cette union se divise et croît normalement, mais il arrive un stade où se produit une fissuration qui aboutit à la séparation de deux masses embryonnaires sensiblement égales. Ces deux masses embryonnaires, ainsi amputées de leur moitié, ont la propriété de compenser cette perte, grâce à un phénomène de régulation. Il en résulte deux embryons parfaitement constitués, mais un peu plus petits qu'un embryon normal.
Ces jumeaux possèdent deux allantoïdes, deux amnios, et normalement un seul chorion. Ils sont alors monochorioniques. Toutefois, à la lumière de certains cas relevés en néonatologie, il a été démontré depuis plusieurs années que, dans certains cas, des jumeaux vrais peuvent posséder chacun un chorion. Ils sont alors dichorioniques, au même titre que des jumeaux hétérozygotes. Cela montre que le dédoublement de l'embryon initial s'est effectué au cours des phases de segmentation.[...]
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Écrit par
- Gabriel DUC : professeur de néonatologie à l'université de Zürich
- Jean SCHOWING : professeur à la faculté des sciences de Fribourg, Institut de biologie animale
- Nicole SINDZINGRE : chargée de recherche au CNRS
- René ZAZZO : professeur émérite à l'université de Paris X-Nanterre, directeur honoraire à l'Ecole pratique des hautes études.
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