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JUMEAUX (psychologie)

On attribue souvent à sir Francis Galton (1822-1911) la paternité de la « méthode des jumeaux », méthode qui consiste à comparer les jumeaux monozygotes (MZ), issus de la fécondation d’un seul ovule par un seul spermatozoïde, à des jumeaux dizygotes (DZ), issus chacun de la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde. À ceci près que, à l’époque, la classification des jumeaux ne se faisait pas par la génétique mais par la ressemblance physique. Au xxe siècle, l’étude des jumeaux a connu une extension extraordinaire qui s’est accentuée au xxie siècle. En 2013, la revue scientifique TwinResearch and HumanGenetics a consacré un numéro spécial à la description des registres de jumeaux. Vingt-huit pays sont représentés, situés sur les cinq continents. Plus d’un million et demi de jumeaux et leurs familles participent à des recherches. L’utilisation d’effectifs très larges augmente la fiabilité des résultats et la participation de personnes de différentes contrées autorise les comparaisons interculturelles.

La plupart des recherches gémellaires ont une orientation génétique qui suit le développement de la biologie moléculaire. D’autres recherches analysent les conséquences de la situation particulière dans laquelle vivent les jumeaux : ils ont partagé le même utérus maternel, ont le même âge, sont presque toujours dans la même famille, vivent les mêmes événements extrafamiliaux, etc. Quelles en sont les conséquences sur leur développement psychologique ?

Les co-jumeaux DZ sont génétiquement comme tous les frères et sœurs. Lorsque les gènes de leurs parents biologiques sont porteurs des mêmes formes allèles, les co-jumeaux DZ ont bien évidemment les mêmes formes allèles. Pour tous les gènes où les deux parents ont des formes allèles différentes, les co-jumeaux ont une probabilité égale à 50 p. 100 d'avoir les mêmes allèles. Grâce à la « loterie génétique », les DZ peuvent différer ou au contraire se ressembler physiquement très fortement. Voilà quelques années, il était relativement fréquent de rencontrer des jumeaux MZ qui se croyaient DZ. L’erreur provenait du fait que les accoucheurs avaient observé la présence de deux placentas. Ce constat les avait conduits à estimer que les jumeaux étaient DZ, car les DZ se développent chacun dans un placenta. Or il existe trois types de MZ : les MZ qui partagent le même chorion (et donc le même placenta) et le même amnios (poche des eaux), les MZ qui ont le même chorion et chacun un amnios, enfin les MZ qui ont chacun un chorion et un amnios. Environ 66 p. 100 des MZ partagent le même placenta. On dit qu’ils sont monochorioniques, alors que ceux qui ont chacun un placenta sont dichorioniques. Partager le même placenta crée un environnement utérin particulier. Il peut y avoir un échange de sang entre les jumeaux, via des anastomoses placentaires. Si ces échanges sont déséquilibrés, un jumeau sera plus gros que l’autre à la naissance. La différence de poids peut s’accompagner d’une différence de taille. Ces différences s’estompent au fur et à mesure que les jumeaux grandissent, mais elles peuvent persister assez longtemps.

La gémellité : une particularité pour le développement psychologique

À partir de la fin des années 1970, plusieurs équipes travaillant aux États-Unis, en France et en Belgique recueillent des données indiquant que les MZ monochorioniques se ressemblent davantage que les MZ dichorioniques dans des tests d’intelligence ou dans des caractéristiques comportementales telles que l’impulsivité, la timidité ou encore la coopération entre pairs. Les différences d’environnement utérin chez les MZ auraient donc des effets à long terme. Cependant, comme le montre une recherche récente réalisée par Dorret Boomsma et ses collaborateurs, portant sur un très large échantillon de jumeaux néerlandais (plus de 9 000 paires),[...]

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Écrit par

  • : professeure émérite de psychologie, université d'Aix-Marseille

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