JURA
Organisation territoriale du Jura
Définition du périmètre
Le terme Jura désigne, du point de vue topographique, un arc de moyenne montagne qui s’étire sur 300 kilomètres entre le Rhône et les Alpes au sud, et le Rhin et la Forêt-Noire au nord. Du point de vue institutionnel, le Jura est traversé par la frontière entre la France et la Suisse, et le terme renvoie à différents découpages territoriaux : un département français situé en Franche-Comté, un canton suisse et une région transfrontalière, l’Arc jurassien.
La définition de cette région transfrontalière s’éloigne en partie des critères strictement topographiques (OSTAJ 2016). L’arc jurassien (230 km) comprend une partie du massif (sans ses extrémités orientale et occidentale) mais aussi des territoires plus larges en fonction des limites institutionnelles des cantons et départements concernés. Ainsi, il réunit, du côté suisse, les cantons du Jura, de Neuchâtel, de Vaud ainsi que la partie nord du canton de Berne et, du côté français, les départements du Doubs, du Jura et le Territoire de Belfort.
La structure territoriale
La structure de peuplement révèle des disparités entre les piémonts assez fortement peuplés (Belfort, Montbéliard, Besançon en France ; Neuchâtel, Bienne côté suisse) et le massif à dominance rurale. Ce dernier accueille un archipel de villes de petite taille (La Chaux-de-Fonds, Le Locle, Pontarlier, etc.) et il est dépourvu de centre urbain fort. Les principaux centres urbains se trouvent en dehors de l’Arc jurassien défini topographiquement. La région est entourée par des agglomérations au poids démographique supérieur : le Grand Genève au sud et l’agglomération trinationale de Bâle au nord. L’Arc jurassien se caractérise ainsi par une situation relativement périphérique par rapport à la fois aux grands centres urbains et aux deux territoires nationaux.
Si les versants de l’Arc jurassien sont bien connectés aux réseaux autoroutier et ferroviaire de leur pays respectif, la circulation interne est rendue plus complexe par le relief et la frontière. Une seule autoroute traverse le massif : la Transjurane relie Bienne (canton de Berne) à Boncourt (canton du Jura) et se prolonge par une route nationale en France. Les points de passage de la frontière sont des routes nationales ou départementales. Les lignes ferroviaires offrent une desserte restreinte (Frasne-Vallorbe, Morteau-La Chaux-de-Fonds, Delle-Boncourt) et il n’existe que quelques lignes de bus, publiques ou assurées par des entreprises horlogères suisses pour leurs collaborateurs.
L’économie de l’Arc jurassien est plus agricole que celle de la France ou de la Suisse. À basse altitude s’est généralement développée la polyculture. Avec l’altitude, l’élevage et la production laitière et fromagère remplacent progressivement les céréales. Du côté français, le tourisme se concentre dans de petites stations, tandis qu’il prend davantage la forme d’un tourisme d’affaire du côté suisse. La région se distingue avant tout par son caractère industriel ; l’horlogerie, en particulier, a marqué son histoire. Les villes du Locle et de La Chaux-de-Fonds (canton de Neuchâtel) ont par exemple été conçues en fonction des besoins de cette industrie. Cet « urbanisme horloger » est inscrit depuis 2009 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. D’autres industries se sont développées dans l’Arc jurassien : fabrication de lunettes (Morez, département du Jura), boîtes à musique et caméras (Sainte-Croix, canton de Vaud), machines-outils (Le Locle et plusieurs communes du canton du Jura et du Jura bernois – partie francophone du canton de Berne), automobiles (Montbéliard, département du Doubs), décolletage et taillage, microtechniques (issues notamment de l’industrie horlogère), etc.
Cette spécialisation industrielle rend la région vulnérable aux changements[...]
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Écrit par
- Georges CHABOT : directeur honoraire de l'Institut de géographie de l'université de Paris
- Paul CLAVAL : professeur à l'université de Paris-Sorbonne
- André GUILLAUME : directeur de recherche au CNRS
- Solange GUILLAUME : maître de conférences à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, directrice du laboratoire de tectonophysique
- Philippe HEBEISEN : historien, directeur et rédacteur en chef du Dictionnaire du Jura, en ligne
- Patrick RÉRAT : docteur en géographie humaine, professeur de géographie à l'université de Lausanne (Suisse)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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