JURASSIQUE
Succédant au Trias et précédant le Crétacé, le Jurassique correspond au deuxième système du Mésozoïque (ère secondaire), qui s'étale de — 199,6 (± 0,3) millions d'années (Ma) à — 145,5 (± 4) Ma, soit une durée d'environ 55 Ma. Le terme « Jura Kalkstein », proposé par Alexander von Humboldt en 1799 pour désigner des dépôts sédimentaires carbonatés du Jura, fut repris en 1829 par Alexandre Brongniart, qui suggère plutôt l'appellation « terrains jurassiques ». Ce système est subdivisé en trois sous-systèmes ou séries : le Jurassique inférieur, ou Lias, qui comprend, du plus ancien au plus récent, les étages Hettangien, Sinémurien, Pliensbachien et Toarcien ; le Jurassique moyen, ou Dogger, représenté par l'Aalénien, le Bajocien, le Bathonien, et le Callovien ; et, enfin, le Jurassique supérieur, ou Malm, avec l'Oxfordien, le Kimméridgien et le Tithonien.
Après la limite Trias/Jurassique – marquée par une chute très importante de la biodiversité et la disparition des conodontes, Orthoceratida et Ceratitida –, les ammonites et les reptiles se développent et se diversifient. Les ammonites présentaient à cette époque un taux d'évolution élevé et une grande répartition géographique qui en font des fossiles d'intérêt majeur en biostratigraphie. La définition de biozones, sous-zones et nombreux horizons a permis l'établissement d'un découpage stratigraphique très précis du Jurassique. D'autres groupes d'invertébrés – bivalves, gastéropodes, brachiopodes, crinoïdes... –, très répandus au Jurassique, présentent un intérêt stratigraphique plus limité mais constituent de bons indicateurs de milieux de dépôts. Certains groupes de microfossiles jouent un rôle important en biostratigraphie, notamment les foraminifères et les radiolaires. Ces derniers constituent un des composants majeurs des sédiments pélagiques jurassiques. La faune de vertébrés est dominée par les dinosaures en domaine continental et par de nombreux reptiles marins (Plésiosaures, Ichtyosaures). Les sélaciens (requins) sont fréquents, et les premiers téléostéens apparaissent au Jurassique supérieur. C'est également à la fin du Jurassique qu'apparaissent les premiers oiseaux, notamment avec le genre Archaeopteryx découvert en 1861, par le paléontologue allemand Hermann von Meyer, dans les calcaires lithographiques tithoniens de Bavière. La flore jurassique est dominée par les gymnospermes (cycadales, ginkgoales, bennettitales et coniférales) qui atteignent leur apogée. Les nannofossiles calcaires (coccolithophoridés, algues vertes unicellulaires) apparus à la fin du Trias, se développent considérablement au cours du Lias.
La limite Jurassique-Crétacé, encore mal définie, ne correspond pas à une chute importante de la biodiversité. En milieu épicontinental, une régression importante et le passage d'une sédimentation marine à une sédimentation continentale interviennent au voisinage de cette limite. C'est le cas en particulier dans les bassins de Paris et de Londres. En revanche, dans les faciès pélagiques, la limite Jurassique-Crétacé ne se marque pas par des changements importants.
D'un point de vue paléogéographique, la Pangée, unique supercontinent issu de l'histoire paléozoïque et triasique, commence à subir, dès le Lias, une fragmentation par les mécanismes de rifting, notamment à l'emplacement du futur Atlantique central. Progressivement, la Téthys s'étend vers l'Ouest, rejoint l'océan Atlantique central et sépare ainsi la Pangée en deux : au Nord, la Laurasia (Amérique du Nord, Europe, Asie), et, au Sud, le Gondwana (Amérique du Sud, Afrique, Arabie, Inde, Australie, Antarctique). À la fin du Jurassique, ces deux masses continentales sont complètement dissociées. Au Jurassique, l'[...]
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Écrit par
- Jean-François DECONINCK : professeur des Universités
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