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RIBERA JUSEPE DE (1591-1652)

Bien qu'il ait quitté très jeune l'Espagne, son pays natal, pour s'établir à Naples, le peintre Ribera appartient totalement à la peinture espagnole tout en occupant une place considérable dans l'école italienne. Comme Poussin pour la France, c'est dans sa patrie d'origine que son art joue le rôle le plus important. Il ne faut pas oublier d'ailleurs que Naples fait alors partie de la couronne espagnole et que, dès le début de sa carrière, Ribera obtient la protection des vice-rois espagnols qui – le duc d'Osuna et le comte de Monterrey – furent ses meilleurs clients et envoyèrent très tôt ses toiles en Espagne. Il est le seul maître du Siècle d'or qui ait joui d'une renommée européenne ; lorsque Vélasquez alla en Italie, en 1629, il ne manqua pas de rendre visite à Ribera, et de nombreux peintres espagnols, Murillo par exemple, imitèrent ses compositions.

<it>La Déposition du Christ</it>, J. de Ribera - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

La Déposition du Christ, J. de Ribera

Ribera, qui fut aussi un très bon graveur et un excellent dessinateur, se distingue des peintres espagnols de son époque, aussi bien par les sujets traités que par la virtuosité de ses compositions. Ses tableaux d'apôtres, de martyrs, d'ermites, ses compositions aux sujets bibliques et mythologiques s'adressaient à une clientèle différente de celle qui achetait couramment les œuvres d'art en Espagne. Mais sa conception « contre-réformiste » et baroque – qui allie à une haute idée de la dignité humaine et de la valeur morale du sujet représenté cette simplicité et ce sens intimiste si propre au caractère espagnol de cette époque, ennemi de tout effet déclamatoire – explique bien le succès remporté en Espagne par Ribera.

La carrière napolitaine d'un peintre espagnol

Le peintre Jusepe de Ribera, surnommé le Spagnoletto à cause de sa petite taille, est né en Espagne à Játiva (aujourd'hui San Felipe), au sud de Valence. Ses débuts demeurent obscurs, et l'on ignore s'il fut vraiment à Valence le disciple de Ribalta, l'un des peintres qui favorisèrent l'introduction du « ténébrisme » en Espagne. Ribera va très jeune en Italie et, après un séjour à Rome, il s'installe à Naples, où il épouse en 1616 Catalina Azzolino, la fille d'un peintre local. En 1626, il sera nommé académicien de Saint-Luc à Rome, et il recevra du pape, en 1631, l'ordre du Christ.

Les dernières années de son existence furent assombries par une épreuve. Le fils bâtard de Philippe IV, don Juan d'Autriche, venu à Naples en 1647 pour mater la révolte de Masaniello, enleva une des filles du peintre ; la petite-fille de Ribera, fruit de cette union maudite, fut enfermée à vie dans un couvent madrilène, procédé caractéristique du xviie siècle. Ribera mourra quelques années plus tard dans sa villa du Pausilippe.

L'art de Ribera débute avec le ténébrisme, influencé par Caravage, dont il accentue les lumières et les ombres, auxquelles il donne un sens dramatique plus fort que celui de l'Italien. Mais il dépassera le clair-obscur pour arriver à une orchestration de la couleur et à une luminosité qui inaugurent la meilleure peinture espagnole du xviie siècle. Ribera, qui emploie une pâte dense pour cerner les formes, s'adonnera vers la fin de sa vie à une peinture de plus en plus fluide, transparente et lumineuse. Non seulement il sait différencier les qualités plastiques par une fine exécution, mais il est passé maître dans l'art de la composition qu'il équilibre en grandes masses et en volumes solides ; il groupe ses figures aux vêtements à larges plis en une heureuse disposition de lignes et de plans. Peintre qui domine le nu et le raccourci, Ribera, après le dynamisme des diagonales des compositions de sa première manière, passera, à la fin de sa vie, à des compositions ordonnées en verticale, qui donneront plus de vigueur à ses tableaux.

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<it>La Déposition du Christ</it>, J. de Ribera - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

La Déposition du Christ, J. de Ribera

<it>Le Martyre de saint Philippe</it>, J. de Ribera - crédits :  Bridgeman Images

Le Martyre de saint Philippe, J. de Ribera

<it>L'Immaculée Conception</it>, J. de Ribera - crédits :  Bridgeman Images

L'Immaculée Conception, J. de Ribera

Autres références

  • CARAVAGE (vers 1571-1610)

    • Écrit par et
    • 4 798 mots
    • 7 médias
    ...artistes du Nord travaillant alors à Rome : Seghers, Tournier, Valentin de Boulogne... La diversité des réactions est la même chez les Napolitains. Ribera découvre le caravagisme à Rome et marque au xviie siècle la peinture napolitaine (Rosa) comme la peinture espagnole. Stanzione, sensible et retenu,...