BJÖRLING JUSSI (1911-1960)
Johan Jonaton (Jussi) Björling naît à Stora Tuna (Suède) le 5 février 1911 dans une famille très musicienne, et même très « vocale ». Son père, Karl David Björling, était ténor professionnel, et il enseigna le chant à ses trois fils, Karl Johan Olof (Olle), Karl Gustaf (Gösta) et Jussi, le cadet. Le Quatuor Björling, où Jussi chante de sa voix de soprano, fit une série de tournées à partir de 1916, et lui permit de monter pour la première fois sur scène à l'âge de six ans. En 1920, le Quatuor réalisa même quelques enregistrements aux États-Unis.
En 1928 Jussi entre au Conservatoire de Stockholm, où il étudie le chant avec Joseph Hislop et John Forsell. Il est également élève de l'école de chant de l'Opéra royal de Stockholm. Il y fait sa première apparition le 21 juillet 1930, dans Manon Lescaut de Puccini, dans le petit rôle du Lampionaio. Son vrai, grand début sur cette scène aura lieu le 20 août de la même année, et le rôle choisi sera Don Ottavio du Don Giovanni de Mozart. Suivront très vite Arnold du Guillaume Tell de Rossini, et Jonathan dans Saul et David de Carl Nielsen. Björling demeurera associé à ce théâtre jusqu'en 1939, malgré une carrière internationale grandissante, et ne rompra jamais ses liens avec Stockholm.
En 1937, ses premiers enregistrements sont distribués à l'échelle internationale, ce qui lui vaut de signer des contrats de plus en plus prestigieux. Ainsi le 8 décembre 1937 chante-t-il le Duc du Rigoletto de Verdi à Chicago ; le 24 novembre 1938, il fait des débuts sensationnels au Metropolitan Opera de New York, dans La Bohème de Puccini, et, le 12 mai 1939, il chante Le Trouvère de Verdi au Covent Garden de Londres. On salue en lui « le second Caruso », et « un des plus grands chanteurs de notre temps ».
La guerre l'oblige à revenir en Suède, où il donne des concerts réguliers. Après la fin des hostilités, il apparaît à nouveau sur toutes les scènes internationales, devenant entre autres une star irremplaçable du Metropolitan Opera. Il fréquente la plupart des scènes américaines : en 1955, à Chicago, il chante ainsi Le Trouvère avec Maria Callas. Malheureusement, ses triomphes seront de courte durée, et une maladie de la gorge l'obligera bientôt à annuler de plus en plus d'engagements. En 1954, il ne pourra participer à l'exécution du Bal masqué de Verdi sous la direction de Toscanini, qui fit l'objet d'un enregistrement en direct. La mort l'emportera avant qu'il ne puisse enregistrer le même rôle, aux côtés de sa grande compatriote, Birgit Nilsson. Il disparaît le 9 septembre 1960, à Stockholm.
Sa voix, au timbre très original, doré et opalisant, était admirablement formée, parfaitement homogène sur toute l'étendue, capable autant d'une ligne pure et veloutée, que de grands éclats de puissance. Grâce à cette technique admirable, il put aborder des rôles aussi différents que le Duc, Manrico, Radamès et Kalaf, Rodolfo et Cavaradossi, ainsi que — dans le répertoire français — Faust et Des Grieux. Sa voix fut particulièrement bien servie par l'enregistrement, et il nous a légué une série de disques précieux, où la plupart de ses rôles sont préservés. Signalons particulièrement La Bohème sous la direction de Thomas Beecham. On peut y admirer son style impeccable, son extraordinaire musicalité, un legato soyeux et un aigu resplendissant. Chanteur aux goûts classiques, il n'est jamais devenu une star en Italie qui, apparemment, n'appréciait guère sa sobriété.
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Écrit par
- Piotr KAMINSKI : journaliste
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Média