TRUDEAU JUSTIN (1971- )

L’entrée en politique

Il fait son entrée en politique peu après les funérailles de son père, en octobre 2000, lors desquelles il prononce un discours d’hommage remarqué. Le Premier ministre canadien Jean Chrétien fait alors savoir qu’il y a une place pour lui au Parti libéral. En 2008, Justin Trudeau est candidat aux élections législatives et remporte le siège représentant Papineau, une circonscription multiethnique de Montréal qu’il a lui-même choisie avec l’intention de prouver qu’il était capable de remporter une victoire, plutôt que de se reposer sur le nom de son père.

En 2011, malgré l’effondrement du Parti libéral qui, de principal parti d’opposition, devient la troisième formation du pays, obtenant seulement 34 sièges sur 308, Justin Trudeau est réélu. Il devient le porte-parole des libéraux sur des sujets tels que la jeunesse et le multiculturalisme, la citoyenneté et l’immigration, ou encore le sport amateur. Il est choisi en 2013 par sa formation pour redorer son blason et prend la tête du Parti libéral à l’issue d’une campagne intense, écrasant ses nombreux concurrents dans un vote par Internet et par téléphone où il remporte environ 80 %des plus de 100 000 voix exprimées. Malgré les critiques venues des rangs conservateurs concernant sa capacité à diriger le pays, il semble aborder les élections fédérales de 2015 avec la même combativité qui lui a apporté, en mars 2012, une victoire inattendue dans un match de boxe de charité l’opposant au sénateur conservateur Patrick Brazeau.

En mai 2015, Trudeau est contesté pour son vote en faveur de la loi C-51, destinée à renforcer la législation antiterroriste et à étendre les pouvoirs de surveillance des forces de sécurité canadiennes, projet conçu à la suite de deux attaques terroristes survenues en octobre 2014. Les opposants à la loi dénoncent une violation des libertés civiles. Il justifie sa position en arguant qu’un vote négatif aurait pu être utilisé plus tard contre lui par le Premier ministre conservateur Stephen Harper.

Dès le début de la campagne pour les élections fédérales, en août 2015, Justin Trudeau se voit reprocher d’utiliser un slogan creux quand il propose de développer l’économie, non pas du haut vers le bas, mais « du cœur vers l’extérieur ». Cependant, il se positionne habilement à la gauche de Thomas Mulcair, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD, social-démocrate), en avançant que trois années de déficit budgétaire permettraient de financer des travaux d’amélioration des infrastructures qui seraient bénéfiques pour la société et pour l’économie, tandis que Mulcair défend une position plus centriste selon laquelle un budget équilibré est la condition nécessaire au développement des programmes sociaux.

Les trois partis principaux du pays se partagent à tour de rôle la première place dans les sondages d’opinion, la course étant dans un premier temps dominée par le NPD, avant de se transformer en un duel entre conservateurs et libéraux. Dans les dernières semaines précédant les élections, le Parti libéral est donné largement vainqueur, reflétant le charisme grandissant de Justin Trudeau, qui a mené une campagne solide. Le 19 octobre 2015, la victoire des libéraux est écrasante : le parti obtient une majorité de 184 sièges sur 338. Dès le lendemain, Justin Trudeau informe le président des États-Unis Barack Obama que le Canada mettra fin prochainement aux frappes aériennes contre le groupe État islamique. Il est investi officiellement au poste de Premier ministre le 4 novembre 2015 et forme un gouvernement dans lequel la parité hommes-femmes et l’âge des ministres symbolisent déjà une forme de changement. Il est reconduit à la suite des élections fédérales d’octobre 2019, mais sans pouvoir compter sur une majorité de sièges à la Chambre des communes. À l’issue des élections anticipées de septembre 2021, le Parti[...]