LIEBIG JUSTUS baron von (1803-1873)
Justus von Liebig est un chimiste allemand qui a profondément marqué la chimie organique, l’agronomie et l’industrie agroalimentaire.
Né le 12 mai 1803 à Darmstadt (Hesse), il fait un premier apprentissage de chimiste chez son père, fabricant et marchand de couleurs et vernis, qui cherche à améliorer ses produits.
Après un stage dans une pharmacie et bien que n’ayant pas son Abitur, Justus von Liebig entre à l'université de Bonn. En 1821, il suit Karl Kastner, son enseignant de chimie, qui l’a invité à Erlangen où il vient d’être nommé professeur. Dès l’année suivante, à l’instigation de Kastner et dans le contexte d’une forte agitation étudiante, Liebig quitte précipitamment Erlangen pour Paris, alors centre de la recherche en chimie.
Dans la capitale française, il écoute les plus grands maîtres de l'époque (Gay-Lussac, Thénard, Dulong, Petit, Laplace, Cuvier). C'est dans le laboratoire de Gay-Lussac que Liebig poursuit ses travaux sur les fulminates, utilisables comme explosifs. Ces derniers sont publiés en 1824 et connaissent un grand retentissement. Bien déterminé à enseigner la chimie, Liebig soutient une thèse in absentia à Erlangen grâce à l’appui de Kastner, et réussit à se faire nommer professeur extraordinaire à Giessen puis professeur ordinaire deux ans plus tard (1826). Son laboratoire devient bientôt un centre de recherche très actif et il y accueille les plus grands chimistes du siècle, notamment August von Hofmann, Charles Adolphe Wurtz, Friedrich August Kekulé, Charles-Frédéric Gerhardt. Ses travaux les plus importants en chimie organique datent de cette période. L’épisode révolutionnaire de 1848, dont il se tient à l’écart, bouleverse un temps son activité.
En 1852, Liebig est nommé professeur à Munich, où il consacrera jusqu’à la fin de sa vie l’essentiel de son activité scientifique à des recherches en agronomie, particulièrement la nutrition des plantes et la conception d’engrais azotés. Les applications de la chimie à l'agriculture l'intéressent au plus haut point ; il fait l'étude expérimentale des sols et prépare des engrais artificiels pour augmenter la production. Ces travaux, d'une importance historique, prolongent en réalité ceux de Nicolas Théodore de Saussure qui, dès 1804, avait clairement jeté les bases de la nutrition minérale des plantes. Toutefois, la « théorie de l'humus » continuait à persister, et c'est Liebig qui la détruit définitivement en soutenant avec passion la théorie minérale des engrais : les plantes se nourrissent exclusivement de sels minéraux et d'eau ; leurs sources en carbone et en azote sont le CO2 et l'azote ammoniacal atmosphériques. Cette conception est à l'origine des lois fondamentales de l'agriculture : les éléments puisés par les plantes cultivées doivent être restitués au sol sous forme d'engrais, car leurs quantités sont limitées.
Au début des années 1860, Liebig se lance dans l’industrie agroalimentaire, en particulier avec la mise au point de concentrés de viande comme compléments alimentaires – selon un procédé étudié dès 1847, puis perfectionné en 1860 –, de farines animales puis enfin de préparations lactées pour les nourrissons (à l’origine des productions Nestlé). L’aventure industrielle Liebig se poursuit de nos jours.
Liebig a écrit un grand nombre de mémoires (318 à lui seul), souvent traduits en plusieurs langues dont le français. Il a participé à l’effort de communication scientifique et, à partir de 1832, édité avec Friedrich Wöhler les Annalen der Pharmazie – devenues Annalen der ChemieundPharmazie – puis, en 1840, avec Wöhler et Johann Christian Poggendorff, le Handwörterbuch der ReinenundAngewandtenChemie, continué après sa mort par Jöns Jacob Berzelius et Hermann Kopp (Jahresbericht).
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Écrit par
- Georges KAYAS : maître de recherche au CNRS, physique corpusculaire
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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