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SAARIAHO KAIJA (1952-2023)

Kaija Saariaho - crédits : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Kaija Saariaho

Grâce à un style très personnel, lumineux et poétique, la compositrice finlandaise Kaija Saariaho fut une des personnalités les plus représentatives du renouveau de la musique de son pays, et une des grandes figures de la musique contemporaine.

Elle naît sous le nom de Kaija Laakkonen le 14 octobre 1952 à Helsinki. Très tôt attirée par la musique, mais elle suit d'abord durant un an l'enseignement de l'académie des Beaux-Arts d'Helsinki, avant de mener, de 1976 à 1981, des études de composition à l'Académie Sibelius de la capitale finlandaise, avec Paavo Heininen. Ses premières œuvres, composées à la fin des années 1970, sont principalement vocales. De 1981 à 1983, elle étudie avec Klaus Huber et Brian Ferneyhough à la Musikhochschule de Fribourg-en-Brisgau.

Un cheminement entre deux mondes

En 1981, elle écrit ... sah den Vögeln, pour soprano, flûte, hautbois, violoncelle, piano préparé et électronique ; il s'agit d'« une vision sur le temps et les frontières, comme un battement de cils qui durerait une éternité. Avec pour matériau : textures et couleurs, rêves et réalités, pesanteur ». Le rêve, association d'éléments dissemblables, naît alors des différents matériaux qui se rencontrent.

En 1982, Kaija Saariaho prend des cours de composition assistée par ordinateur à l'IRCAM. Elle y trouve les moyens de réaliser ses rêves, et décide de s'installer à Paris. L'informatique va désormais jouer un rôle fondamental dans sa technique de composition : les possibilités qu'offre cet outil ainsi que l'utilisation de l'électroacoustique vont lui permettre d'explorer les sons dans leurs variations microscopiques.

Mais ses recherches ne s'arrêtent pas là. Elle élargit et enrichit le monde des sons grâce à l'utilisation de stimulus musicaux qui peuvent être des impulsions visuelles ou littéraires ou tout simplement des phénomènes naturels. Elle n'en oublie pas pour autant son travail avec les interprètes : malgré la complexité de sa musique, la compositrice ne s'égare jamais dans l'inaudible et affirme toujours son intention de transmettre une musique perceptible et qui s'apprécie sans que l'on ait besoin de savoir décrypter une partition compliquée. À cet égard, elle ne s'aventure jamais dans la musique abstraite et toutes ses œuvres ont un support littéraire ou artistique préexistant.

En arrivant en France, elle rencontre une résonance dans l'école spectrale de Gérard Grisey et de Tristan Murail, et trouve ce qui lui faisait défaut dans une Finlande enfermée entre les musiques réalistes de Joonas Kokkonen ou Aulis Sallinen et un postsérialisme rigide pratiqué par des compositeurs comme Paavo Heininen. « Je sortais d'une esthétique sérielle qui interdisait les incursions dans la tonalité, je tombais dans un monde d'harmonie dont la fraîcheur, lointainement ancrée à Maurice Ravel et à Claude Debussy, me touchait au cœur. »

Dans Vers le blanc, pour bande magnétique seule (1982), Kaija Saariaho joue avec les lentes transformations de timbres et d'harmonies, présentant un lent continuum d'une durée d'un quart d'heure où s'entrecroisent de longs glissandos ; l'un de ces glissandos, à deux voix par mouvement contraire, atteint la durée totale de l'œuvre, donnant l'illusion d'une voix humaine éternelle.

Refusant les paramètres classiques de la composition (recherches sur le rythme ou sur la mélodie) pour privilégier l'harmonie et le timbre, dont la fusion est chez elle une préoccupation centrale, elle est conduite à choisir des programmes de synthèse et d'analyse psycho-acoustique extrêmement complexes. Kaija Saariaho écrit une musique que l'on peut qualifier de « visuelle » et dont la luminosité des sons semble engendrer des images. Toutes ses pièces font d'ailleurs[...]

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Médias

Kaija Saariaho - crédits : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Kaija Saariaho

<em>L'Amour de loin</em>, opéra de K. Saariaho, mise en scène de Robert Lepage - crédits : Jack Vartoogian/ Getty Images

L'Amour de loin, opéra de K. Saariaho, mise en scène de Robert Lepage

<em>L'Amour de loin</em>, opéra de K. Saariaho, mise en scène de Robert Lepage - crédits : Jack Vartoogian/ Getty Images

L'Amour de loin, opéra de K. Saariaho, mise en scène de Robert Lepage