KALIÉMIE
Concentration du cation potassium (K+) dans le plasma, exprimée en milliéquivalent par litre (mEq/l). La mesure par photométrie de flamme est soumise à des causes d'erreurs nombreuses, la plus fréquente étant la lyse des hématies, riches en potassium, qui donne de fausses hyperkaliémies. Une prise d'aliments glucidiques récente peut faire baisser la kaliémie jusqu'à 0,5 mEq/l. Lors de la prise de sang, un effort aussi minime que le serrement du poing, ou un garrot veineux trop longuement serré sont aussi des causes d'erreurs par excès. Une mesure correcte de la kaliémie nécessite donc un prélèvement à jeun, au repos, sans mouvement du bras du côté du prélèvement, et sans garrot. La kaliémie moyenne chez un sujet sain est de 4 ± 0,5 mEq/l.
Le potassium est un cation de répartition essentiellement intracellulaire. Pour un stock potassique moyen de 3 600 mEq, environ 60 mEq sont dans le secteur extracellulaire, dont 15 mEq seulement pour le secteur vasculaire. La kaliémie n'est donc pas un reflet fidèle de la balance potassique de l'organisme, bien que les variations soient habituellement de même sens dans le sang et dans les tissus.
La kaliémie est également étroitement dépendante de l'équilibre acido-basique ; l'acidose provoque une sortie de potassium intracellulaire, et une hyperkaliémie ; l'alcalose a un effet inverse.
L'hypokaliémie traduit souvent une déplétion importante du stock potassique de l'organisme. Les manifestations essentielles sont triples : cardiaques, avec modification caractéristique de l'électrocardiogramme et éventuellement des troubles du rythme qui peuvent être sévères ; neuro-musculaires, avec apparition de paralysie dans les formes les plus importantes ; rénales, avec des perturbations fonctionnelles et un risque de lésion organique si l'hypokaliémie est très prolongée.
Les causes de l'hypokaliémie sont les pertes en potassium digestives (vomissements, diarrhées, fistules digestives) ou urinaires (diurétiques, hyperminéralo-corticisme). Une cause des plus fréquentes, et souvent méconnue, est l'abus de laxatifs chez les femmes, qui est souvent associé à la prise de diurétiques. On peut également citer la prise de boissons riches en réglisse (pseudo-hyperaldostéronisme de la glycyrrhizine). Le traitement des hypokaliémies, outre la suppression de la cause, est l'administration orale ou intraveineuse de sels de potassium, contrôlée par les mesures fréquentes de la kaliémie.
L'hyperkaliémie ne traduit pas toujours une augmentation du pool potassique de l'organisme, car elle peut être induite par une lyse cellulaire brutale ou par une acidose. Les signes essentiels sont cardiaques avec aspect électrocardiographique constant et caractéristique. Le risque majeur de l'hyperkaliémie, dès qu'elle dépasse 7 mEq/l, est l'arrêt cardiaque qui est irréversible et souvent inopiné, aucun autre symptôme d'alarme n'étant habituellement présent. Les causes les plus fréquentes de l'hyperkaliémie sont l'insuffisance rénale où elle est favorisée par des excès alimentaires ou par la prise de diurétiques « épargneurs de potassium ». L'hyperkaliémie de la maladie d'Addison, plus rare, est habituellement modérée.
Le traitement de l'hyperkaliémie doit être avant tout préventif, notamment par restriction des apports alimentaires chez les sujets exposés. Une hyperkaliémie reconnue doit être traitée d'urgence. On utilise d'abord des perfusions de sels alcalins (bicarbonates) qui sont efficaces surtout en cas d'acidose, de sérum glucosé hypertonique associé à l'insuline, ces deux procédés entraînant une rentrée du potassium dans le secteur intracellulaire. Les résines échangeuses de cations administrés par voie digestive ont un délai d'action plus grand et ont surtout un grand intérêt préventif.[...]
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Écrit par
- François BOURNÉRIAS : docteur en médecine
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