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KAMENEV LEV BORISSOVITCH ROSENFELD dit (1883-1936)

Kamenev - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Kamenev

C'est dans le mouvement étudiant révolutionnaire à Moscou que Kamenev, fils d'un ancien mécanicien devenu ingénieur, commence à militer. Arrêté, il doit regagner Tiflis avant de se rendre à Paris, puis à Genève où il adhère au groupe de l'Iskra. Bolchevik dès 1903, révolutionnaire professionnel, il remplit des missions clandestines en Russie et collabore avec Lénine pendant la révolution de 1905. En 1908, il le rejoint à Genève. Nommé représentant du P.O.S.D.R. (Parti ouvrier social-démocrate de Russie) au Bureau socialiste international, il participe aux Congrès de Copenhague (1910) et de Bâle (1912) de la IIe Internationale. En 1913, il rejoint Lénine à Cracovie avant d'aller prendre à Saint-Pétersbourg la direction du journal bolchevique la Pravda jusqu'à son interdiction en juillet 1914. Arrêté lors d'une réunion en Finlande du groupe des députés bolcheviques à la quatrième Douma qu'il avait convoquée, il s'affirme hostile au défaitisme révolutionnaire lors du procès en 1915, déclaration dont le parti lui fera grief par la suite. Déporté en Sibérie, il est libéré par la révolution de février 1917 et, dès son retour à Petrograd, il dirige pratiquement la Pravda avec Staline, rentré de déportation lui aussi. Ils se prononcent alors pour la collaboration avec les mencheviks, étant hostiles aux « thèses d'avril » de Lénine. Emprisonné lors des journées de juillet, puis libéré, Kamenev est avec Zinoviev le seul à voter en octobre contre le passage immédiat à l'insurrection armée. Ils vont même jusqu'à publier une lettre ouverte dans le journal de Gorki, Novaïa Jizn, où ils condamnent la décision du comité central comme un « acte de désespoir ». Lénine demande leur exclusion et Kamenev démissionne du comité central. Nommé président du Comité exécutif central des soviets, c'est-à-dire le premier président du jeune État soviétique, il cède cette fonction à Sverdlov. Il fait partie de la délégation qui mène les pourparlers de paix à Brest-Litovsk, se rangeant tantôt aux côtés de Trotski, tantôt à ceux de Lénine. « Kamenev, de nature généreuse, d'un esprit large, assez instruit, ayant un grand sens politique, gardait vis-à-vis de Lénine une certaine indépendance. Il trouvait souvent le maître trop exigeant et trop intolérant vis-à-vis de ceux qui ne pensaient pas et n'agissaient pas comme lui. Et Lénine, en se plaignant devant moi de Kamenev, l'accusait d'être « littérateur », c'est-à-dire pas assez homme d'action » (Rappoport).

Président du soviet de Moscou, Kamenev est chargé de préparer l'édition des œuvres de Lénine. Propagandiste et orateur de grand talent, nommé vice-président du Conseil des commissaires du peuple en 1922, il se considère avec Zinoviev comme l'héritier de Lénine après la mort de ce dernier ; ils forment avec Staline la « troïka » destinée à barrer à Trotski la route du pouvoir. En 1925, voyant que le pouvoir lui échappe, Kamenev s'allie avec Zinoviev à Trotski pour former l'Opposition unifiée. Il perd la direction de l'organisation de Moscou, est exclu du comité central en 1927 et capitule en janvier 1928. Une nouvelle fois exclu du parti en 1932, il y est réintégré l'année suivante, puis, en janvier 1935, il est déclaré moralement responsable de l'assassinat de Kirov (on sait aujourd’hui que ce fut un acte isolé, non commandité). L'un des principaux accusés du premier grand procès de Moscou en août 1936, il est condamné à mort et exécuté.

Associé par l'histoire à Zinoviev, Kamenev semble avoir été marqué, comme ce dernier, par la position prise à l'égard de l'insurrection d'Octobre. Malgré le rôle qu'ils jouèrent en tant que principaux adjoints de Lénine, cette « faute » commise au moment décisif de la révolution révèle[...]

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Écrit par

  • : sous-directeur d'études à l'École pratique des hautes études

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Média

Kamenev - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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