KAMPALA
Capitale de l'Ouganda depuis 1962, Kampala présente la singularité d'être née d'une capitale précoloniale, le Kibuga, qui abritait le palais – lubiri − du roi (kabaka) du Buganda. Cette capitale africaine était installée sur un site de collines séparées par des marais où se tenaient les marchés. Au milieu du xixe siècle, lors de l'arrivée des Européens dans le royaume du Buganda, le palais royal était installé sur la colline de Mengo. Le Kibuga a attiré très tôt trafiquants, missionnaires, militaires, colonisateurs puis administrateurs coloniaux qui se sont installés sur les collines avoisinantes : les protestants à Namirembe, les catholiques à Rubaga et Nsambya, les musulmans à Kisubi et les commerçants, les militaires et les administrateurs sur la colline de Nakasero. La colonisation britannique de la capitale entre 1890 et 1894, la politique de l'Indirect rule et le partage du territoire du Buganda ont profondément marqué l'histoire urbaine de la capitale. À partir de 1900, les urbanistes européens ont délimité, planifié, construit une seconde ville accolée à la première. Aussi, jusqu'en 1966, l'agglomération urbaine était-elle composée de deux circonscriptions différentes, Kampala et Mengo, administrées par deux pouvoirs distincts, l'un africain et l'autre blanc, appliquant des lois différentes dans le cadre de deux idéologies urbaines éloignées. Le résultat donnait une agglomération duale.
La guerre civile qui dura de 1966 à 1986 a eu pour effet de gommer cette frontière et d'imposer une administration unique. L'absence d'entretien, pendant vingt ans, des services urbains (approvisionnement en eau, en électricité, réseaux routiers, etc.) et du parc immobilier a fait que la ville s'est taudifiée de manière relativement homogène. Depuis 1986, le retour à la paix, la politique de réhabilitation menée par le gouvernement et la nécessité d'offrir une vitrine urbaine décente aux diplomates et aux bailleurs internationaux ont concouru à rendre de nouveau la ville attrayante, à l'étaler aux mesures d'une agglomération d'environ trente kilomètres de rayon. Kampala compte au début du xxie siècle environ 1 million d'habitants dans ses limites de 1966, et 2 millions de personnes vivent dans l'agglomération. Cependant, la croissance économique et la reprise des investissements immobiliers et industriels et, surtout, l'application à partir des années 1990 d'une politique de gestion libérale des services urbains ont contribué à hétérogénéiser l'aire urbaine. Les quartiers desservis par les réseaux (routiers, de télécommunication, de voirie, etc.), proches du lac Victoria et les flancs − aérés − des collines ont été favorisés aux dépens des pentes et des bas-fonds, de l'hinterland septentrional de la ville et des zones dépourvues de ces réseaux.
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Écrit par
- Bernard CALAS : professeur de géographie à l'université de Bordeaux-III-Michel-de-Montaigne
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Média
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