KANAZAWA
La ville de Kanazawa se situe au centre du département d’Ishikawa, dans la région du Hokuriku, au nord-ouest de Tōkyō. Avec 466 000 habitants en 2016, c’est une petite métropole régionale sur la façade de la mer du Japon, dans cette partie de l’archipel qui connaît un enneigement massif aux mois d’hiver.
Aujourd’hui située dans une région périphérique, Kanazawa, capitale du fief de Kaga, est l'une des villes les plus riches du Japon lors de la période d’Edo (1603-1868). Jalon des routes maritimes, fluviales et terrestres qui remontent vers le nord de Honshū, elle bénéfice de conditions optimales pour la production rizicole et pour le saké. Cela fait la fortune des seigneurs du clan Maeda qui ont reçu le fief de Toyotomi Hideyoshi en 1583. À leur arrivée, ils reconstruisent le château de Kanazawa et agrandissent la ville autour des rivières Asano et Sai, en creusant de nombreux canaux. La manne rizicole fait des Maeda le clan le plus puissant du Japon après les Tokugawa. Cette richesse soutient la croissance urbaine et fait naître une industrie artisanale qui devient florissante. Le fief jouit également de privilèges de la part du shōgunat, dont les Maeda sont des alliés fidèles. Au début du xixe siècle, c’est une ville de plus de 100 000 habitants qui héberge plus de trois cents maisons d’artisans, dont certains des plus renommés du Japon d’alors, au point que la ville reçoit le surnom de « petite Kyōto ». C’est à cette époque qu’est aménagé le jardin Kenrokuen, l’un des plus beaux du pays.
En raison de cette fidélité au shōgunat lors du conflit qui l’oppose à la restauration impériale (1868), le gouvernement de Meiji délocalise un temps le chef-lieu de la préfecture créée en 1871, à Ishikawa, d’où le nom actuel du département. Cet affaiblissement volontaire de Kanazawa, par crainte d’une rébellion, entraîne un long déclin démographique de la ville, et il faut attendre les années 1910 pour qu’elle retrouve les 123 000 habitants de 1868. Avec la modernisation du Japon, le tissu artisanal de la ville opère rapidement sa mue vers l’industrie et Kanazawa devient le centre industriel de la région du Hokuriku, en particulier dans le secteur sidérurgique. Les écoles des anciens fiefs donnent naissance à un grand nombre d’établissements d’enseignement supérieur, avec une spécialisation en médecine, tradition qui perdure aujourd’hui au sein des huit universités que compte la ville.
Sur le plan urbain, Kanazawa se développe vers l’ouest en direction du littoral et d’un port moderne, relié par une voie ferrée au centre-ville. Celui-ci se déplace progressivement du centre historique, autour du château, vers la gare centrale. Kanazawa est aussi une ville de garnison, hébergeant la 9e division d’infanterie qui opère en Mandchourie dans les années 1920 et 1930. Cette présence soutient la croissance urbaine, notamment avec le développement de l’industrie militaire dans la zone du port. Kanazawa n’est pourtant pas bombardée lors de la guerre du Pacifique, conservant ainsi une grande partie de son patrimoine architectural.
Avec la reconstruction du Japon et la haute croissance économique des années 1955-1973, l’industrie reprend vite son essor dans la partie ouest de la ville, toujours autour du port, modernisé en 1970. Kanazawa absorbe l’exode rural depuis les régions montagneuses de l’arrière-pays, et en provenance de la bande littorale du Hokuriku. La ville s’étend dans la plaine vers le sud et dans les hauteurs pour l’habitat pavillonnaire des populations les plus aisées. La région souffre cependant de l’enclavement par rapport à l’axe de la mégalopole japonaise (Tōkyō- Fukuoka). Elle n’est reliée à l’autoroute Nagoya-Kōbe qu’en 1980 et à Tōkyō par le Shinkansen en 2015.
L’industrie périclite rapidement à partir des années 1980, un déclin accru par le vieillissement[...]
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Écrit par
- Rémi SCOCCIMARRO : docteur en géographie, maître de conférences en langues et civilisations étrangères
Classification
Médias