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KANNARA ou KANNADA LANGUE & LITTÉRATURE

L'ère de Vijayanagar

Le royaume de Vijayanagar patronne les arts et favorise tous les credos. Le jaïnisme est doctrinaire, ou continue deux courants, les vies exemplaires de ses héros et les histoires édifiantes à épisodes, comme le jivandharacarite plusieurs fois raconté. Le meilleur poète jaïn est Ratnākaravarṇi dont le Bharateśa vaibava (1557), composé dans un mètre populaire (saṅgatya) auquel il donne aisance et distinction, reste l'un des plus grands poèmes kannara.

Les viraśaiva se réorganisent, plus prêcheurs mais moins incisifs. De nouveaux vacana apparaissent, mais les meilleurs recueils sont les anthologies des auteurs antérieurs (Sūnya Śampādane). Ceux-ci constituent les néo-anciens, dont on détaille sous forme de purāṇa les vies merveilleuses et les miracles. La vie de Basava, narrée d'abord en telugu vers 1200 par Pālkurike Sōmanātha, est traduite en kannara par Bhīma Kavi (1369). Allama Prabhu est célébré dans le Prabhuliṅga līle de Cāmarasa (1430). D'autres purāṇa puisent dans les sources tamoules des vies des soixante-trois saints shivaïtes et dans la mythologie de Śiva. Quelques auteurs s'essaient aussi à des formes littéraires plus neuves.

La dévotion vichnouite s'était jusqu'ici exprimée surtout en sanskrit, malgré quelques essais en kannara comme le Jagannātha Vijaya de Rudrabhaţţa (1180), ou quelques chants dévotionnels. Elle s'impose désormais dans deux domaines. D'abord celui de l'épopée, où les grands poèmes sanskrits trouvent des adaptateurs de génie. Kumāra Vyāsa vers 1430 donne la version la plus populaire des dix premiers chants du Mahābhārata, dans un style direct où brillent les descriptions et la peinture des caractères. L'œuvre sera continuée et imitée. Narahari, du village de Torave près de Bijapur, écrit le Torave Rāmāyaṇa, qui le rendit populaire notamment grâce à la peinture du personnage de Rāvaṇa. Une dizaine d'autres versions apparurent ensuite. Le Bhāgavata inspire d'autres traductions. Mais c'est dans le chant que le vichnouisme laisse des œuvres originales, dans les mètres et les rythmes les plus populaires, constituant un répertoire fondamental de la musique dite « carnatique ». Purandaradāsa (né en 1484) fournit à cette mystique musicale ses meilleurs chants, et, parmi les esclaves de Hari ( = Viṣṇu) ou « Haridāsa », Kanakadāsa a une œuvre plus diversifiée, en mètres indigènes (ṣatpadi, saṅgatya), qui va des chants aux récits légendaires ou épiques narrés avec simplicité (Naḷacaritre). Ces chants sont souvent très voisins des vacana.

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, directeur de l'École française d'Extrême-Orient

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