KANTŌ ou KWANTŌ
Situé sur l'île de Honshū, limitrophe du Tōhoku au nord et du Chūbu à l’ouest, le Kantō est à la fois une région densément aménagée de 32 423 kilomètres carrés et une plaine côtière plus réduite mais très urbanisée abritant Tōkyō, la capitale du Japon. En tant que région, le Kantō, correspondant à la shutoken (pour « région capitale »), se compose de sept départements : Chiba, Gunma, Ibaraki, Kanagawa, Saitama, Tochigi, Tōkyō. L'ensemble regroupait 43 millions d'habitants en 2015, ce qui en fait la région la plus peuplée du Japon.
Si les régions japonaises ne sont pas des collectivités territoriales clairement instituées, au contraire des régions françaises, le Kantō jouit d'un statut à part du fait de son importance stratégique et politique pour le pays. La région a fait l'objet de nombreux plans d'aménagement régionaux, en particulier en temps de crise ou de guerre, comme ce fut le cas en 1936 avec le « Plan du territoire national pour le Kantō » (Kantōkokudokeikaku) qui réorganise son territoire en prévision du conflit mondial à venir, en particulier en ce qui concerne la répartition de ses industries.
Historiquement, le Kantō est une terre périphérique durant toute la période médiévale précédant l'instauration du premier bakufu (gouvernement militaire du shōgunat) au début de l'ère de Kamakura (1185-1333). Jusqu'à cette période, le centre politique et culturel du Japon se trouvait dans l'actuel Kansai (Kinki), entre Heiankyō (ancienne Kyōto) et Nara, autour de la cour impériale. À la fin du xiie siècle, Minamoto no Yoritomo, nommé shōgun à la suite de l'affaiblissement du pouvoir impérial, décide de fonder, en 1192, une nouvelle capitale civile, aux marges du centre politique et éloignée de Heiankyō. Il choisit Kamakura, simple bourgade du Kantō. Le rétablissement du pouvoir de l'empereur en 1333 ramène le centre politique du pays vers le Kansai, mais le Kantō conserve une certaine importance dans le pays.
Au xvie siècle, le Kantō retrouve un rôle stratégique dans les tractations politiques et les conflits de clans que finit par remporter Ieyasu Tokugawa (1543-1616) à la suite de la grande bataille de Sekigahara (1600) qui lui assure le titre de shōgun. Bien qu'originaire de l'actuel département d'Aichi, dans le Chūbu, Tokugawa Ieyasu décide d'établir sa capitale selon les mêmes logiques que Minamoto no Yoritomo quatre siècles plus tôt : il choisit Edo, petit port de pêche assez pauvre, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Kamakura. Le Kantō redevient le centre politique et militaire du Japon, et n'a eu de cesse de se renforcer depuis lors.
En 1868, l'empereur Meiji, dont le pouvoir a été restauré, quitte Kyotō et vient s'installer à Edo, qui est rebaptisée Tōkyō. Le Kantō se transforme en une véritable région-capitale, rapidement urbanisée malgré les destructions du tremblement de terre de 1923 (140 000 morts et 300 000 logements détruits) et les bombardements américains de la Seconde Guerre mondiale (750 000 logements détruits seulement à Tōkyō, soit 27 p. 100 du total de la capitale).
Le Kantō est polarisé par la ville de Tōkyō, centre actuel du gouvernement, qui concentre les fonctions politiques, économiques, financières, logistiques mais aussi culturelles, scientifiques et industrielles du pays. À l'échelle régionale, le poids de la capitale en fait le principal pôle d'emplois, la principale destination des flux journaliers et, depuis le début des années 2000, des flux migratoires. Autour de Tōkyō, la partie centrale du Kantō a été structurée dès les années 1930 par deux corridors industrialo-portuaires : le Keihin, suivant le littoral sud vers Yokohama, et le Keiyō, suivant le littoral est vers Chiba. Dans les années 1980, après l'entrée en[...]
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Écrit par
- Raphaël LANGUILLON-AUSSEL : docteur agrégé de géographie
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