KARAGEORGEVIĆ ou KARAGJORGJEVIĆ LES
Dynastie royale fondée par un paysan et chef révolutionnaire, Karageorges Petrović (1752 env.- 1817). Après une carrière de bandit d'honneur luttant contre les Turcs, il devient sous-officier dans l'armée autrichienne, puis est élu chef suprême par les haidouks serbes lors de l'insurrection de 1804 et y révèle un véritable génie militaire ; en 1808, le Conseil national serbe l'élit prince héréditaire ; exilé après 1812, il revient en 1817, mais est dénoncé par Miloš Obrenović, le nouveau chef serbe, et assassiné par les Turcs. Il s'ensuivra une haine féroce entre les deux familles. Karageorges n'en demeure pas moins le fondateur de l'indépendance serbe au xixe siècle. En 1842, l'Assemblée nationale nomme Alexandre Karagjorgjević (1806-1885) prince de Serbie à la place de Miloš Ier Obrenović. Le prince Alexandre est un médiocre et penche vers l'alliance autrichienne ; sous son règne, néanmoins, l'État s'organise (Code civil, 1844) et la culture serbe s'affermit (Imprimerie nationale, Musée national) en liaison avec le mouvement national croate (définition d'une langue littéraire serbo-croate). Le traité de Paris (1856) garantit la pleine autonomie à la Serbie, même si des garnisons turques demeurent dans le pays. En 1858, l'Assemblée dépose le prince Alexandre et rappelle le vieux Miloš Obrenović, qui bénéficie du soutien de la Porte. Les Obrenović descendants de Miloš resteront au pouvoir jusqu'en 1903 : le prince Michel Obrenović, assassiné en 1868, puis Milan Obrenović et le fils de ce dernier, Alexandre. Le roi Alexandre est alors tellement détesté dans le pays que des militaires prennent l'initiative d'un complot ; le 10 juin 1903, le roi, la reine Draga, le président du Conseil et le ministre de la Guerre sont assassinés ; les régicides forment un cabinet d'union nationale, rétablissent la Constitution de 1901 et convoquent le Parlement qui, le 15 juin 1903, élit roi à l'unanimité le prince Pierre Karagjorgjević (1844-1921), fils du prince Alexandre. Il a l'appui de la Russie et de l'Autriche-Hongrie, mais, au début, sa position est difficile. En juin 1914, son mauvais état de santé l'oblige à confier la régence à son second fils, le prince Alexandre, qui commandera l'armée serbe durant toute la Première Guerre mondiale, tandis que le roi Pierre joue un rôle passif, tout en partageant le sort de son armée dans les pires circonstances (retraite à travers l'Albanie). En 1919, il est élu roi des Serbes, des Croates et des Slovènes, mais il mène une vie retirée jusqu'à sa mort. En 1921, le prince-régent Alexandre Karagjorgjević devient à son tour roi des Serbes, des Croates et des Slovènes, et toute la Yougoslavie nouvelle repose sur sa forte personnalité. Il essaie de surmonter le séparatisme croate et le morcellement des partis politiques, mais, le 9 octobre 1934, il est assassiné à Marseille, lors d'une visite officielle en France. Son fils, Pierre II, né en 1923, lui succède sous l'autorité d'un neveu de Pierre Ier, le régent Paul ; proclamé roi, en avril 1941, pour faire échec au parti germanophile, Pierre II ne peut empêcher l'effondrement de son armée et quitte la Yougoslavie. Après la proclamation de la République en 1945, le maréchal Tito lui interdit le retour en Yougoslavie. Il se fixe alors aux États-Unis où il reste jusqu'à sa mort en 1970.
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Écrit par
- Jean BÉRENGER : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Média
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