KARAMANIDES
D'origine turcomane, la dynastie des Karamanides gouverna l'Anatolie centrale, de Konya à Nigdè et au Taurus cilicien, du début du xive siècle à la fin du xve siècle et constitua le plus important rival de la dynastie ottomane.
Venue probablement d'Asie centrale à la suite des Seldjoukides ou chassée vers l'ouest par les troupes de Gengis Khan au début du xiiie siècle, cette tribu s'est installée vers 1225 dans la région d'Ermenak-Mout, au sud-est de Konya ; mais les premières informations historiques à son sujet datent de la seconde moitié du xiiie siècle, alors que Karaman ibn Noūr al-din Soūfī était à sa tête. Celui-ci prit une part active aux guerres intestines qui opposaient différents clans seldjoukides et finalement reçut du vizir Mou'īn al-din Sulaymān Pervānè le gouvernorat d'Ermenak où il jouit d'une grande autonomie. Il attaqua à plusieurs reprises le royaume arménien de Cilicie et mourut à la suite d'une bataille contre celui-ci vers 1263. Son successeur Mehmed Beg lutta avec succès contre les Seldjoukides, mais fut finalement vaincu et tué par une armée mongolo-seldjoukide en 1277. Un de ses frères, Güneri Beg, continua la résistance contre les Mongols et lança des raids contre Konya et Larenda.
Au début du xive siècle, la disparition de la dynastie seldjoukide et l'affaiblissement de la présence mongole en Anatolie centrale facilitèrent l'expansion des Karamanides qui occupèrent Konya en 1314, ville qu'ils reperdirent et reconquirent à plusieurs reprises ; ils installèrent leur capitale à Larenda, appelée par la suite Karaman, où ils construisirent mosquées, madrasas et fortifications.
Durant toute la première moitié du xive siècle, l'histoire des Karamanides est mal connue : il semble qu'il y ait eu, d'une part, des rivalités internes et, d'autre part, de nombreux petits conflits avec les tribus mongoles installées en Anatolie centrale ; les émirs (beys) de Karaman reconnurent épisodiquement la suzeraineté des sultans mamelouks d'Égypte et de Syrie qui d'ailleurs en 1375 occupèrent la Cilicie et mirent fin au royaume arménien établi là depuis plusieurs siècles. Le règne de ‘Alā' al-din Beg (vers 1370-1397) fut marqué par des conquêtes qui étendirent le territoire karamanide depuis Akchéhir à l'ouest jusqu'à Nigdè à l'est, la côte de la Pamphylie et les contreforts méridionaux du Taurus cilicien au sud. Il se heurta au souverain ottoman Mourad Ier, puis au fils de celui-ci, Bayézid Ier, qui avaient progressivement occupé les territoires situés immédiatement à l'ouest de l'émirat karamanien (1380-1391). Une série de batailles sévères aboutit à la défaite et à la mort de ‘Alā' al-din, à la capture de ses fils et au contrôle par les Ottomans de la plus grande partie de l'émirat.
La défaite subie par Bayézid Ier à Ankara en 1402 devant Tamerlan permit la reconstitution de l'émirat karamanide sous l'autorité de Mehmed Beg qui conduisit plusieurs offensives vers l'ouest et vers la Cilicie ; mais l'Ottoman Mehmed Ier reprit l'avantage et Mehmed Beg, fait prisonnier, dut reconnaître la suzeraineté de celui-ci (1414) ; un peu plus tard, les Mamelouks l'attaquaient, triomphaient de lui et le capturaient (1419). Le dernier grand émir karamanide fut Tadj al-din Ibrahim Beg (1423-1464). Ambitieux et énergique, il n'hésita pas à s'attaquer au sultan ottoman Mourad II, mais, vaincu, dut signer la paix (1435) ; il s'empara ensuite de la Cappadoce au détriment des Dhou'l-Qadir. Reprenant les hostilités contre les Ottomans — il s'agissait alors de la suprématie sur la plus grande partie de l'Anatolie centrale —, il envahit le territoire de ceux-ci, d'Ankara à Antalya, profitant de la guerre qui opposait alors Hongrois et Ottomans (1442). Revenus[...]
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Écrit par
- Robert MANTRAN : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
Classification
Autres références
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KONYA ou KONIA, anc. ICONIUM
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