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KARATCHAÏ

Jusqu'à la révolution d'Octobre, les Karatchaï habitaient la Karatchaïlie, une partie de la région de Batal-Pachin, délimitée par les hauteurs du Kouban. En 1943, les Karatchaï sont déportés en masse avec d'autres peuples caucasiens sur ordre de Staline. Ils sont autorisés à rentrer chez eux en 1957. La plupart des Karatchaï habitent les régions de Karatchaïevsk et de Malo-Karatchaïevsk, dans la république des Karatchaï-Tcherkesses, où ils étaient 160 000 au recensement de 1989 et environ 135 000 en 2003.

L'hypothèse la plus répandue concernant l'histoire des Karatchaï fait de ceux-ci un mélange d'éléments autochtones ossètes et d'éléments polovtsiens (kiptchak). Les héritages caucasien et turc coexistent en effet dans la langue, qui appartient au groupe turc, mais comporte de nombreux mots communs avec l'ossète, et dans les arts populaires ; les voisins mingréliens des Karatchaï les appellent des Alains, dont les Ossètes sont censés être les descendants.

Les Karatchaï sont essentiellement des éleveurs transhumants de moutons, de chèvres, de chevaux et de gros bétail à cornes. Ils partent l'été avec la totalité de leur famille vers les pâturages montagnards qui restèrent toujours le bien de la communauté, malgré les tentatives d'appropriation des seigneurs. Les pâturages d'hiver étaient eux aussi communs à tout le village, excepté les terrains proches des maisons. Les villages de huttes, construits sur les pâturages d'été, sont suffisamment solides pour qu'on les retrouve l'année suivante. La particularité du village karatchaï traditionnel réside dans sa division en quartiers dont chacun est entouré des terres appartenant au clan qui l'occupe et qui lui donne son nom. Mais, dès la fin du xixe siècle, cette disposition s'altéra et, au début du xxe siècle, les divisions claniques disparurent ; la grande famille céda progressivement la place à la famille restreinte. Les serfs et les esclaves vivaient à la limite du quartier de leur maître. À l'intérieur du quartier, les maisons aux façades orientées dans différentes directions laissent des rues étroites. Les habitations (youï) construites en gros troncs avec un toit de terre sur lequel poussait de l'herbe possédaient rarement des fenêtres.

Les seigneurs (taoubi) avaient chez les Karatchaï des pouvoirs moins étendus que chez les Kabardes. La grande majorité de la population était composée de paysans libres (karyozden). L'islam sunnite apparut chez les Karatchaï au xviiie siècle, apporté selon la légende par un mollah kabarde, Ishāq Effendi. Mais les traditions pré-islamiques restèrent très vivaces et, jusqu'à la fin du xixe siècle, de nombreux Karatchaï ne répugnaient pas à manger du porc et conservaient « comme porte-bonheur » les os et la peau de celui-ci. Les cultes qui se sont le mieux conservés, comme d'ailleurs au sein d'autres ethnies du Caucase, sont ceux des arbres et des pierres, et notamment celui d'une certaine pierre nommée la base de Karatchaï dont on place des morceaux aux quatre coins de la maison en construction. Et chaque morceau de terre ou de forêt est placé sous la protection d'un esprit tutélaire, considéré comme sa « base » ou sa « mère ».

— Emmanuel ZAKHOS-PAPAZAKHARIOU

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    ...tiennent encore une place importante dans tout le Caucase. Venus des steppes septentrionales, les Tatars se sont fixés au nord de la Grande Chaîne, les Karatchaïs et les Balkars à l'ouest, au milieu des Tcherkesses, les Nogaïs au centre, près des Tchétchènes, les Koumyks à l'est, au nord du Daghestan....