APPEL KAREL (1921-2006)

Une œuvre polymorphe

La profession de foi d'Appel est sans ambiguïté : « Je suis un peintre de mon époque. Je peins la vie telle qu'elle se déroule autour de moi. Dure, vivante, belle, cruelle, formidable... Tout. Je suis né entre deux guerres mondiales. Alors je peins la sauvagerie de mon époque. Tout le reste m'ennuie. » Cette déclaration renvoie à une époque de deux ans postérieure à la fin de Cobra. Appel révèle alors combien il a été marqué, moins par cette brève aventure collective, que par la découverte des usages qu'il pouvait tirer d'objets de rebut et de matériaux de récupération. Recyclage et bricolage deviennent de nouvelles pratiques, de ressources apparemment inépuisables. Désormais, l'artiste est non seulement peintre, mais aussi sculpteur, céramiste, poète, assembleur d'objets et de mots.

À partir de bois brut ou mal équarri, utilisant des couleurs virulentes et contrastées, jouant sur des figures élémentaires, il compose une œuvre protéiforme, animée par une intarissable énergie. C'est le cirque Appel (Appel Circus, 1978), pour reprendre le titre d'une série constituée de gravures et de sculptures chamarrées. Sur le tard, les motifs s'adouciront, sans que le trait ni la couleur ne perdent de leur exubérance, et alors que les thèmes se font plus dramatiques.

Appel est mort le 4 mai 2006 lors d'un séjour à Zurich. En 1992, l'artiste confiait à Françoise Armengaud, auteur d'une étude sur le Bestiaire Cobra sous-titrée Une zoo-anthropologie picturale : « J'aurais voulu avoir le regard d'un animal qui, pour la première fois, se mettrait à peindre le monde humain. »