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KARIERA

Système matrimonial et règles de parenté

La forme de présentation choisie par l'auteur est la suivante :

A, B, C, D, représentent des groupes (le terme proposé est section) en relation matrimoniale privilégiée deux par deux (le signe = est celui de l'échange de femmes entre deux groupes de gens se considérant chacun comme constitué de frères, frères dits classificatoires parce qu'ils ne sont pas nécessairement de même père et de même mère). La flèche indique la relation entre une mère et son fils, de telle façon qu'un homme A soit le fils d'une mère C et soit obligé d'épouser une femme B, de même qu'une femme D est à la fois la fille d'une mère B et l'épouse d'un homme C. Les combinaisons sont ici en nombre fini. Ce mécanisme est à l'origine d'un système de parenté dont la construction épouse la logique du modèle ci-dessus, du moins si l'on raisonne en termes généalogiques. Le type de mariage pratique est celui où Ego masculin épouse sa cousine croisée (fille du frère de la mère ou fille de la sœur du père) et donne sa sœur, en échange, comme épouse au frère de sa femme. George Peter Murdock (Social Structure, New York, 1960) a montré que le mécanisme des sections s'établissait à partir du moment où Ego n'appartient ni au groupe matrimonial de son père, ni à celui de sa mère, ni à celui de son fils, ni à celui de sa fille. Il y voit l'intersection d'un système à deux moitiés patrilinéaires et d'un autre, plus courant, à deux moitié matrilinéaires.

Le  schéma  en  tores,  proposé  par Georges  Guilbaud, permet de rendre compte aisément de toutes les conséquences du système (figure ci-dessous). Soit deux cycles féminins concentriques de sens contraires, chaque arc orienté représentant un individu se déplaçant entre deux mariages (les points d'intersection ou nœuds) : l'un, celui de ses parents, d'où sont issus l'intéressé et sa sœur, l'autre, le sien propre, d'où sont issus à leur tour deux enfants, un fils et une fille. Il suffit de désigner un des arcs orientés comme Ego (ou chacun de ses frères) pour déterminer qui épousera qui et qui doit appeler autrui d'un autre terme que celui qui définit ses propres relations avec Ego.

Ce modèle mathématique est bien plus intéressant que son auteur ne le pensait lui-même. Il permet de tester très aisément la cohérence des systèmes relevés dans d'autres groupes que les Kariera, groupes cette fois bien attestés, et de s'apercevoir qu'effectivement un certain nombre d'entre eux sont à base 4 et non point 6 ou 8 et que d'autres ont gardé un système de parenté 4, alors que le libellé de leur système matrimonial se présente comme à base 8 (système à huit sous-sections, dit de type aranda), parce qu'il a été importé de l'extérieur ; c'est le cas des Murngin, dont on a tant parlé, et des Murinbata, moins célèbres parce que leur cas est plus clair.

— Jean GUIART

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Écrit par

  • : professeur au Muséum national d'histoire naturelle, directeur du laboratoire d'ethnologie, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses : religions de l'Océanie)

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  • PARENTÉ SYSTÈMES DE

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    ...dernières est toujours pair. C'est surtout chez les aborigènes d'Australie que l'on a pu observer de tels systèmes. Ainsi, par exemple, la société Kariera est divisée en deux groupes locaux, eux-mêmes divisés chacun en deux sections qui ont reçu un nom. On a d'un côté les sections Karimera et Palyeri,...