RUBY KARINE (1978-2009)
Certains succès sportifs connaissent un écho plus important que d'autres. Il en va ainsi du triomphe de Karine Ruby aux Jeux de Nagano en 1998 : en effet, en remportant le slalom géant, la Française s'adjugea la première médaille d'or olympique décernée en snowboard, sport qui faisait son entrée au programme. Pour nombre de fans de la « glisse », cette jeune femme volontaire au caractère bien trempé, perfectionniste, quelque peu introvertie, devint ce jour-là une idole.
Karine Ruby est née le 4 janvier 1978 à Bonneville (Haute-Savoie). Elle grandit dans le chalet familial situé au pied des pistes de ski des Grands-Montets, au lieu-dit La Rosière, à quelques kilomètres de Chamonix. Elle chausse sa première paire de skis dès son plus jeune âge. À onze ans, elle opte pour le snowboard ; en 1994, à seize ans, elle remporte sa première victoire dans une épreuve de Coupe du monde.
Les succès s'enchaînent : elle est championne du monde de slalom géant en 1996, puis championne du monde de boardercross en 1997. Elle se présente en grande favorite aux jeux Olympiques de Nagano.
Le 10 février 1998, à Shiga Kogen, lors d'une journée neigeuse sur le mont Yakebitai, Karine Ruby va donc entrer dans l'histoire olympique, et ce en toute sérénité. Malgré une faute durant la première manche de ce slalom géant, sur un parcours tracé par son entraîneur Pierre Garnier, elle s'impose nettement, devançant la deuxième, sa compatriote Isabelle Blanc, de près de 2 secondes. Cette performance lui permet de « gérer » la seconde manche et de devenir championne olympique, reléguant l'Allemande Heidi Renoth à 1,83 s et l'Autrichienne Brigitte Köck à 2,08 s. En fait, personne n'avait envisagé que la médaille d'or échappât à Karine Ruby, sauf peut-être elle-même, qui déclara après avoir essuyé quelques larmes sur le podium : « Si, depuis des semaines, tout le monde me voyait championne olympique, j'ai tout fait, moi, pour ne pas imaginer le moment où cela arriverait, afin de ne pas être déçue en cas d'échec. » Pour Pierre Garnier, ce triomphe donnait au snowboard un statut : « Je rêve que, grâce à cette médaille, les vacanciers regardent à l'avenir les surfeurs chez nous d'un œil moins noir. » Des yeux bleus, une longue tresse blonde, un large sourire, cette jeune femme de vingt ans apportait à la délégation française la première médaille d'or de ces XVIIIes jeux Olympiques d'hiver et faisait découvrir la « planche » à tous les téléspectateurs français.
Néanmoins, Karine, timide, connaît quelques difficultés liées à sa nouvelle notoriété ; elle se disperse, subit ses premiers revers sportifs. Elle se remet alors en cause, travaille à partir du printemps de 2000 avec Patrice Paquier, afin de faire évoluer sa technique. Karine, désormais plus extravertie, s'est en effet fixé un nouvel objectif : briller aux jeux Olympiques de Salt Lake City. Le 15 février 2002, malgré une grippe sévère, elle parvient, fiévreuse, à se hisser en finale de l'épreuve de slalom géant parallèle, mais se voit dominée par Isabelle Blanc, et se contente de la médaille d'argent.
Pour Karine Ruby, il est temps de se lancer de nouveaux défis. « Rideuse » dans l'âme, elle abandonne les disciplines alpines, pour retourner à ses premières amours, le freeride, pour « surfer dans la poudreuse, descendre des pentes un peu plus raides », selon ses propres termes. Cependant, le boardercross devenant discipline olympique à Turin en 2006, Karine souhaite participer une nouvelle fois aux Jeux. Mais, sur la piste de Bardonecchia, elle ne se classe que seizième. En douze ans, elle s'est construit l'un des plus beaux palmarès du sport français : six titres de championne du monde (slalom géant, 1996 et 2001 ; slalom parallèle, 2001 ; snowboardcross, 1997, 2001, 2003) ; soixante-trois[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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