BLOMDAHL KARL BIRGER (1916-1968)
Une des personnalités les plus marquantes de la musique contemporaine suédoise. Né en 1916 à Växjö, Karl Birger Blomdahl fut l'élève de Hilding Rosenberg, le vétéran de l'école suédoise du xxe siècle. Destiné à devenir chef d'orchestre, K. B. Blomdahl se retrouve être un des instigateurs du « groupe du Lundi » (ainsi dénommé parce que ses membres se retrouvaient tous les lundis après-midi) qui réunissait quelques jeunes compositeurs (tous élèves de Rosenberg). Ce groupe s'était donné pour tâche d'ébranler un peu la vie musicale suédoise qui semblait s'être endormie. Les réunions étaient essentiellement autocritiques et destinées à faire d'abord progresser chacun des membres du groupe. Paul Hindemith y passait pour un modèle de pédagogie à suivre ; Blomdahl a longtemps soutenu avec pertinence la ligne de ce compositeur allemand dont on est loin d'avoir mesuré tous les apports.
Lancé sur l'idée d'une musique absolue (instrumentale exclusivement), Blomdahl veut, au début de sa carrière, laisser de côté la musique vocale. « Laissez le poème rester poème et la musique musique. » En fait, toute sa production ultérieure va contredire cette intention de départ.
En effet, dès sa fondation en 1948, Blomdahl participe à la revue culturelle Prisma dont le rédacteur en chef est le poète Erik Lindegren. Une longue et fructueuse collaboration va commencer entre les deux hommes : rarement poète et musicien auront été plus proches ! La même année, Blomdahl écrit sa Suite pastorale déjà inspirée par des poèmes de Lindegren... Toujours en 1948, Blomdahl compose une première suite de danses (pour la chorégraphe Birgit Åkesson), une pièce dans laquelle il jette les bases de ce que sera sa troisième symphonie, une de ses œuvres maîtresses. Celle-ci va paraître en 1950 avec le sous-titre Facetter (Facettes). Elle connaît immédiatement un succès international (elle est jouée en 1951 au festival de Francfort-sur-le-Main notamment). Cette œuvre symbolise un des aspects rigoristes de l'œuvre de Blomdahl : partir de presque rien pour aboutir à quelque chose de colossal. Dans l'esprit d'une « variation » — mais sans thème ! — il s'appuie sur trois groupes de notes qu'il agence ensuite en tous sens pour aboutir à des juxtapositions et des assemblages totalement inattendus. Cette symphonie marque aussi une des premières grandes rencontres entre le dodécaphonisme et la musique suédoise qui a été lente à l'assimiler, même si Blomdahl a beaucoup assoupli les règles d'Arnold Schönberg.
Le fruit le plus réussi de la collaboration entre Blomdahl et Lindegren est terminé en 1953 : il s'agit d'un oratorio I speglarnas sal (Dans la salle des glaces) pour récitant, soli, chœur et orchestre, vaste fresque où se manifestent les aspects les plus extrêmes du génie de Blomdahl, de son intérêt pour le jazz à l'intention, réussie, d'exprimer les atrocités de la Seconde Guerre mondiale.
Dès lors, chaque nouvelle représentation d'une œuvre de Blomdahl va être, en Suède, une affaire d'État. 1954 est l'année d'un grand ballet, Sisyfos (Sisyphe), auquel ont collaboré B. Åkesson et E. Lindegren. En 1956, l'oratorio Anabase déclenche un long débat. En 1959, l'opéra Aniara donne néanmoins à Blomdahl l'occasion de renouer des liens avec un vaste public (l'œuvre détient toujours le record national de représentations). En 1960, Blomdahl est nommé professeur de composition à l'Académie de musique de Stockholm. De cette même période date un changement important dans son style : à la suite de György Ligeti et de Krzysztof Penderecki, Blomdahl fait preuve d'un intérêt plus développé pour la recherche des timbres alors qu'il s'était plutôt appliqué, jusqu'alors, à des problèmes de structures. Cette[...]
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Écrit par
- Michel VINCENT : maître en lettres modernes et linguistique générale, chargé de cours à la faculté des lettres et sciences humaines d'Aix-en-Provence, producteur à Radio-France, directeur antenne musique, Radio France Internationale
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