BLOSSFELDT KARL (1865-1932)
Après la réalisation de documents « botaniques » conçus comme support de l'enseignement du dessin, Karl Blossfeldt met en lumière l'esthétique, les structures et les détails de la nature par des macrophotographies. Ces photographies au fond neutre, à la vision en plan frontal, à la lumière naturelle et douce, révèlent les détails de cette forme primaire de l'art, parfois mise en regard des théories des formes de l'ornement et de l'architecture.
Du modelage végétal au document photographique
Le photographe allemand Karl Blossfeldt est né à Schielo, Harz, le 13 juin 1865 dans une famille modeste. Il passe de rudes années d'apprentissage dans la fonderie d'art d'une usine métallurgique à Mägdesprung, ville où l'on peut encore voir deux cerfs grandeur nature qu'il a réalisés à cette époque. En 1884, il suit les cours de l'École royale des arts décoratifs de Berlin. De 1890 à 1897, année où il entame, à la demande de son professeur Moritz Meurer, une carrière professorale à l'école attachée au musée des Arts décoratifs de Berlin, il participe à une collecte des formes végétales typiques du monde méditerranéen. Ses investigations le conduiront principalement en Italie mais aussi en Afrique du Nord. Il recueille les formes des végétaux desséchés par le soleil en les dessinant ou en les moulant. Meurer estimait qu'on en trouvait la transposition dans l'architecture antique. Meurer était en effet un adepte des théories du naturaliste et médecin Ernst Haeckel (1834-1919) lui-même fortement influencé par les recherches de Darwin. Dans son ouvrage Kunstformen der Natur (Formes artistiques de la nature), 1904, que Blossfeldt a certainement lu, Haeckel se proposait d'explorer et de dévoiler les formes cachées de la nature, qu'elles soient microscopiques ou inaccessibles (comme ces images qu'il a tirées des fonds marins) ; il en attendait un résultat tant esthétique que scientifique. Ces documents « botaniques » réalisés à des fins pédagogiques étaient considérés comme source d'inspiration, comme modèles pour la création de nouvelles formes ornementales. Meurer avait d'abord envisagé de solliciter les compétences de son élève dans l'art du modelage et d'établir une collection de formes végétales tridimensionnelles. Mais Blossfeldt se tourna vers la photographie parce qu'il voyait ainsi le moyen de fabriquer des reproductions à la fois moins encombrantes, moins fragiles, et plus facilement reproductibles et consultables. C'est par conséquent à des fins documentaires qu'il recourut à la photographie.
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Écrit par
- Jean-François POIRIER : écrivain et historien d'art
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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