STAMITZ KARL PHILIPP (1745-1801)
Fils aîné de Jan Vaclav Stamic, qui a germanisé son nom tchèque et se fait appeler Johann Stamitz, Karl naît à Mannheim l'année même où son père prend la direction de l'orchestre du prince-électeur Karl Theodor, dont il fait partie depuis quatre ans. Avant sa mort prématurée (1757), et aidé par les nombreux compositeurs de talent groupés autour de lui, Johann fera de cet orchestre un des meilleurs d'Europe, et de Mannheim un des lieux de naissance de la symphonie classique et surtout de la symphonie concertante, dont Mozart s'inspirera pendant et après son séjour à Mannheim et à Paris en 1777-1778. Karl Stamitz n'est membre de l'orchestre de Mannheim (comme second violon) que de 1762 à 1770. À cette date, il suit à Strasbourg son ancien maître Franz Xaver Richter, avant d'embrasser, pour un quart de siècle, la carrière de virtuose itinérant (ses instruments sont le violon et l'alto). On le retrouve à Paris au service du duc de Noailles (il fait sensation au Concert spirituel le 25 mars 1773 en y jouant une de ses symphonies concertantes) ; puis à Francfort (1773), à Londres (1777-1778), en Hollande, à Berlin (où il participe en 1786 à une fameuse exécution du Messie de Händel), à Prague et à Nuremberg (1787), à Cassel, à Saint-Pétersbourg, à Weimar (où il se produit le 12 novembre 1792), à Leipzig. En 1794, fatigué de sa vie errante, il accepte un poste de premier violon et de professeur de musique à Iéna, où il meurt oublié en laissant plus de cinquante symphonies, une quarantaine de symphonies concertantes pour un nombre d'instruments solistes allant de deux à sept, plus de quarante concertos dont deux pour alto et une douzaine pour clarinette (cet instrument mozartien par excellence), de nombreuses partitions de musique de chambre, une messe, trois cantates et deux opéras aujourd'hui perdus : Dardanus et Le Tuteur amoureux. Une grande partie de cette production est restée manuscrite, et se trouve dispersée dans des bibliothèques et archives aux quatre coins de l'Europe : ce qui témoigne de la popularité et de l'estime dont bénéficia en son temps Stamitz, compositeur dont la profondeur ne fut certes pas la qualité dominante, mais qui, par son charme, son élégance et sa facilité d'élocution, conserve une place de choix parmi les prédécesseurs immédiats du style classique de Haydn et surtout de Mozart.
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Écrit par
- Marc VIGNAL : musicologue, journaliste
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