STEIN KARL baron von (1757-1831)
Né à Nassau dans une vieille famille hessoise, Karl von Stein, après de solides études à Göttingen, est assesseur au tribunal d'Empire de Wetzlar, puis entre, en 1780, au service du roi de Prusse. Pendant près de vingt-cinq ans, il va attacher son nom au développement économique et industriel de la petite Prusse rhénane d'alors.
Il apparaît dès le début comme un adversaire impitoyable de la Révolution française. En 1803, il est chargé de l'administration et de la prussianisation des domaines acquis par la Prusse au détriment de l'évêque de Münster. Il appelle, en 1806, les petites principautés allemandes à se réunir aux « deux grandes monarchies à l'existence desquelles est liée la pérennité du nom allemand ».
Il devient alors ministre, chargé plus particulièrement de la direction des finances. Il s'affirme comme le chef du parti réformateur, patriote et national en Prusse. Il veut rétablir l'équilibre européen en s'opposant à l'expansion napoléonienne.
En 1807, il démissionne et ne revient au pouvoir qu'après Tilsit. Il va en quelques mois proposer toute une série de réformes fondamentales : émancipation des paysans, restructuration de l'administration centrale, rénovation des administrations provinciales, mise en place de municipalités élues. Enfin, il prépare la voie à une profonde réforme militaire et impose pour réorganiser l'armée les noms de Gneisenau et de Scharnhorst. Mais Stein, souvent maladroit, indispose la classe dirigeante prussienne traditionnelle. Napoléon, qui discerne en lui l'un de ses plus dangereux adversaires, exige son renvoi. Stein doit démissionner en novembre 1808 ; il est aussitôt mis au ban de l'Empire, de la Confédération du Rhin et forcé à l'exil. Réfugié en Autriche puis auprès du tsar, il préconise l'alliance russo-prussienne et incite le tsar à adopter une attitude brutale à l'égard de la France ; il inspire le retour des Bourbons, réclame l'annexion de l'Alsace par les Allemagnes, et force le tsar à obliger la France à abandonner Sarrelouis, Sarrebruck et Landau en 1815. Mais il échoue dans son grand dessein : la reconstitution d'un empire germanique.
Après le Congrès de Vienne où il n'a joué qu'un rôle mineur et après le second traité de Paris, il se retire sur ses terres et se consacre à ses domaines et à l'histoire, fondant la collection des Monumenta Germaniae historica.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- François-Georges DREYFUS : professeur à l'université de Strasbourg-III, directeur de l'Institut d'études politiques de Strasbourg
Classification
Autres références
-
HISTOIRE (Histoire et historiens) - Sources et méthodes de l'histoire
- Écrit par Olivier LÉVY-DUMOULIN
- 6 217 mots
- 6 médias
Lorsque le baron Karl von Stein fonde la Société pour l'histoire de l'ancienne Allemagne (1819), l'objectif est d'éditer, après les avoir soigneusement critiqués, les actes du pouvoir de l'Allemagne impériale. Ces Monumenta Germaniae Historica, dont le premier volume paraît... -
PRUSSE
- Écrit par Michel EUDE
- 8 240 mots
- 6 médias
...patriote ardente, ils accomplissent en quelques années une œuvre dont on a peut-être exagéré la portée, mais qui n'est nullement négligeable. Le baron de Stein en 1807-1808, le chancelier Hardenberg en 1810-1811 ont attaché leur nom à des réformes telles que l'abolition de la condition servile et la création...