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ABOU MINA KARM

Selon la légende, le corps de saint Ménas, martyrisé à Alexandrie à la fin du iiie siècle, fut transporté par des chameaux en plein désert jusqu'au lieu de sa sépulture. Le site se trouve à soixante kilomètres environ au sud-ouest d'Alexandrie.

D'abord recouverte d'un petit oratoire en forme de tétrapyle, la tombe fut ensuite aménagée, sous Athanase (326-373), dans une crypte au-dessus de laquelle on construisit une église. Les traces qui restent de cet édifice ne permettent d'avancer que des conclusions hypothétiques : une seule nef à transept doté à l'est de trois absides saillantes.

Devenue trop petite par suite de l'immense popularité du pèlerinage, tout l'ensemble fut remanié et agrandi, du patriarcat de Théophile (384-412) à celui de Timothée II (457-477). Un large escalier de marbre faisait accéder à la crypte ; celle-ci fut élargie par une chapelle coiffée d'un dôme en brique sur pendentifs. La tombe devait être, elle aussi, recouverte d'une voûte sphérique. Une partie importante de l'église supérieure a dû être reconstruite durant cette période.

À l'est, on lui accola une grande basilique, dite basilique d'Arcadius (60 m × 26,50 m) : nef et transept à collatéraux séparés par une rangée de colonnes ; unique abside saillante en avant de laquelle ont été retrouvées les traces de l'autel, surmonté d'un ciborium, d'un chancel et d'un bema (banquette circulaire). Le narthex, à l'ouest, était constitué d'un portique réunissant les deux églises. À l'ouest, le baptistère est composé d'un octogone, flanqué, au sud, d'un atrium à colonnes, à l'ouest, d'un corridor et, au nord, d'une chambre. L'octogone était recouvert d'un dôme en brique et orné de niches dans les angles. Deux escaliers conduisaient à une piscine circulaire centrale.

La même ornementation de marbre blanc des Îles, de marbres colorés et de mosaïques dorées était appliquée sur les murs et les sols de tous ces monuments.

Vers 833, sous le patriarche Joseph, tous ces placages, ainsi que les colonnes, furent enlevés et transportés dans la nouvelle capitale de Samarra. Cette spoliation amena l'abandon et la ruine définitive de la basilique d'Arcadius. Joseph dut se contenter d'une petite église à trois nefs construite avec de mauvais matériaux à l'intérieur de l'église de la crypte. Les nefs étaient séparées par des écrans de bois ; le sanctuaire transversal était marqué, à l'est, d'une abside saillante flanquée de deux niches latérales.

Pour protéger le sanctuaire contre les pillages, l'empereur Zénon (474-491) y plaça une garnison de mille deux cents soldats et fit édifier des palais pour les notables. Cette ville connut une longue période de prospérité durant les ve et vie siècles. On distingue encore le tracé des rues et des restes d'habitations. Des logements pour pèlerins étaient contigus au côté nord de la basilique d'Arcadius. Non loin ont été dégagés des vestiges de thermes sur hypocaustes, alimentés par un système de citernes, de puits et de canaux.

Autour de la ville, plusieurs nécropoles ont été repérées, dont l'une possédait une basilique, probablement à trois nefs et abside centrale rentrante.

Les tombes ont livré quantité d'objets en céramique, parmi lesquels des ampoules de saint Ménas, de fabrication locale (découverte d'ateliers de potiers). Les pèlerins les remplissaient de l'huile sainte qui brûlait au-dessus de la tombe du saint ou peut-être d'eau provenant d'une source sacrée. De telles ampoules à eulogie ont été retrouvées de Provence en Asie Mineure et de Hongrie en Éthiopie.

— Marie-Hélène RUTSCHOWSCAYA

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