KARST
Le mot allemand Karst (du slave kras) sert à désigner des régions caractérisées par des formes de relief originales développées dans d'épaisses masses de calcaires. À l'origine, il s'applique aux plateaux du nord-ouest de la péninsule balkanique compris entre la Slovénie et l'Istrie. L'épanouissement, dans ces régions, de formes originales, objets de minutieuses études depuis longtemps, en fait le modèle même du paysage karstique, plus ou moins complètement réalisé ailleurs.
Au point de vue géomorphologique, l'originalité du relief karstique se manifeste par l'insignifiance, voire l'absence, de toute organisation des pentes en fonction des éléments d'un réseau hydrographique. Car l'écoulement superficiel des eaux se réduit à de rares rivières allogènes, presque sans affluents, profondément enchâssées dans les calcaires. À cette anarchie topographique s'ajoute la discontinuité fréquente de la végétation et des sols. Bien que l'on connaisse des karsts vêtus d'une couverture végétale dense, leur aspect souvent désertique contribue à accroître l'étrange beauté de leurs étendues figées et silencieuses. En fait, le mot « karst » dériverait du préindo-européen kar (pierre dure) et signifierait « désert de pierre » en celtique.
On définira d'abord les différentes formes karstiques. De leurs combinaisons variées, principalement, résultent des types de karst qu'il conviendra de caractériser. Enfin, l'analyse des particularités essentielles de l'érosion karstique permettra de comprendre leurs traits les plus originaux.
Les formes karstiques
Les formes karstiques se répartissent en deux familles selon qu'elles se développent à la surface ou à l'intérieur des calcaires.
Les formes superficielles
Les formes karstiques de surface comprennent les lapiés, les dépressions fermées et les canyons.
Lapiés
Les géographes ont adopté le toponyme savoyard de lapié (du latin lapis, pierre) pour dénommer des cavités de tailles limitées et de formes diverses, ouvertes dans les calcaires par la karstification. Leur profondeur varie de quelques millimètres à plus d'une dizaine de mètres dans le cas de formes géantes. On appelle lapiaz les surfaces qu'ils burinent.
Il existe de nombreux types de lapiés selon la forme des cavités et des cloisons intermédiaires.
Les types linéaires opposent des rainures à des cloisons à peu près continues. Dans celui qui est à rigoles, les rainures étroites et plus ou moins sinueuses suivent la pente de la surface. Le type à cannelures, aux tracés rigides systématiquement orientés, exprime les diaclases et les fractures élargies par la karstification. Les cloisons peuvent être massives et à profils émoussés (Hautes-Alpes), ou taillées en arêtes et en crêtes acérées (« plans » provençaux). Lorsque les plans de débitage de la masse calcaire se recoupent, le réseau de rainures, quadrangulaire, détermine des tables de lapiés parsemées de blocs déchaussés sur les pentes.
Les types alvéolés varient aussi selon l'organisation et l'importance relative des cavités et des cloisons. Au type en nids de poules, constitué par une multitude de petites cuvettes, s'ajoute celui qui est à puits profonds, localisés aux intersections de fissures. Les lapiés perforants, à minces cloisons ciselées, proviennent d'un taraudage du calcaire par des trous hélicoïdaux. Lorsque les vides l'emportent, on observe des types à chicots, à aiguilles ou à pinacles, dont l'allure et la disposition trahissent l'influence de la fissuration et de la stratification de la masse rocheuse originelle.
Parfois, les cloisons ou les alignements de blocs calcaires émergent entre les rainures colmatées par des produits de décalcification, sous une forêt ou une garrigue. À ces lapiés couverts (Jura, Préalpes,[...]
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Écrit par
- Roger COQUE : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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Médias
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