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HEPBURN KATHARINE (1907-2003)

Le temps de la comédie

<it>Indiscrétions</it>, de George Cukor - crédits : Metro-Goldwyn-Mayer Inc./ Collection privée

Indiscrétions, de George Cukor

Alternant drame et comédie, domaine où elle sait trouver le juste tempo, Katharine Hepburn impose un personnage de jeune femme intelligente et volontaire, énergique et combative, qui ne s'en laisse pas conter par les hommes, ou qui joue savamment de son androgynie, comme dans Sylvia Scarlett (1935) de George Cukor. Certes, si, dans L'Impossible Monsieur Bébé, de Howard Hawks (1938), Indiscrétions (1940), La Femme de l'année (1942) et Madame porte la culotte (1949), toujours de George Cukor, elle malmène Cary Grant ou Spencer Tracy, qui fut son partenaire à l'écran (neuf fois) comme à la ville, elle finit par « rentrer dans le rang », les codes du cinéma hollywoodien n'autorisant aucune autre conclusion. Elle n'en prouvera pas moins encore son talent dans L'Enjeu (1948) de Frank Capra, Lame de fond (1946) de Vincente Minnelli ou encore Passion immortelle (1947) de Clarence Brown. Elle aura également fait valoir les droits à l'autonomie de la femme, mariée ou non, et à l'égalité des sexes, à l'inverse de certaines de ses contemporaines qui, telles Bette Davis et Joan Crawford, ne jouent les femmes fortes et indépendantes que pour se révéler des monstres d'égoïsme.

<it>The African Queen</it>, de John Huston - crédits : Horizon Pictures and Romulus Films Ltd./ Collection privée

The African Queen, de John Huston

L'âge venant, Katharine Hepburn sait intelligemment évoluer. En 1951, au côté d'Humphrey Bogart, elle incarne magnifiquement une vieille fille puritaine qui s'éveille à l'amour et à la vie dans The African Queen, de John Huston. Elle reprendra plusieurs fois, avec des variations, ce type de personnage (ainsi dans Vacances à Venise, de David Lean, 1955), sans jamais tomber dans la caricature. Cela ne l'empêche d'ailleurs pas d'interpréter, à quarante-quatre ans passés, une jeune sportive accomplie dans Pat and Mike (Mademoiselle Gagne-Tout) de George Cukor (1952). Cette incroyable énergie ne lui fit jamais défaut ; à soixante ans passés, elle monte à nouveau sur scène pour jouer pour la première fois dans un « musical », Coco (1969), un portrait de Coco Chanel. Puis elle passe progressivement au rôle de mère, procréatrice ou spirituelle, toujours aussi forte quoique moins volcanique. Elle n'en demeure pas moins en conflit, voire en révolte, contre l'autorité masculine, même si désormais l'affrontement avec l'autre sexe se limite parfois à faire preuve de fermeté et de bienveillance, comme dans Devine qui vient dîner ? et La Maison du lac.

— Alain GAREL

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

Classification

Médias

<it>Indiscrétions</it>, de George Cukor - crédits : Metro-Goldwyn-Mayer Inc./ Collection privée

Indiscrétions, de George Cukor

<it>The African Queen</it>, de John Huston - crédits : Horizon Pictures and Romulus Films Ltd./ Collection privée

The African Queen, de John Huston

Autres références

  • COMÉDIE AMÉRICAINE, cinéma

    • Écrit par
    • 5 126 mots
    • 18 médias
    ... (1933), Sylvia Scarlett (1935), The Women (1939), ou encore The Philadelphia Story (Indiscrétions, 1940). Les films qu'il tourne avec le couple Katharine Hepburn- Spencer Tracy, s'ils ne manquent pas de « classe », ne répugnent guère à une loufoquerie certaine : outre Indiscrétions...