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SAGE KAY (1898-1963)

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Artiste majeure du surréalisme aux États-Unis, Kay Sage est l’auteure d’un œuvre important et pluridisciplinaire, qui mêle peinture, objets et écriture.

Katherine Linn Sage naît le 25 juin 1898 à Albany (New York) dans une famille très aisée. À la séparation de ses parents en 1900, elle quitte avec sa mère les États-Unis pour l’Europe et séjourne notamment en Italie. Après son retour en 1914, elle reprend ses études, travaille comme traductrice au Bureau de la Censure et fréquente brièvement la Corcoran School of the Arts and Design à Washington, D.C. Au tournant des années 1920, elle s’installe à Milan, où elle poursuit son apprentissage artistique. Les dessins et tableaux de cette époque, majoritairement des figures et des paysages, témoignent d’un style encore académique et sage (Cento Celle, 1922, Waterbury, CT, Mattatuck Museum). En 1925, elle épouse le prince Ranieri di San Faustino et ne peint plus qu’épisodiquement. Cependant la révélation de l’œuvre de Giorgio de Chirico à la Biennale d’art contemporain de Venise en 1932 la marque durablement. Mais il faut attendre le milieu de la décennie pour que, encouragée par l’écrivain Ezra Pound et le sculpteur Heinz Henghes, elle retrouve le chemin de son atelier. En 1936, elle expose avec Henghes à la galerie Il Milione de Milan.

Après son divorce, Kay Sage s’installe à Paris et réalise des tableaux abstraits qu’elle qualifie, sous l’influence de Pound, de « vorticistes » (Vorticist Sketch, 1937, Waterbury, CT, Mattatuck Museum). Après avoir découvert le surréalisme à l’occasion de l’exposition internationale du groupe en janvier-février 1938, elle abandonne l’abstraction. D’une touche lisse, elle peint désormais en demi-tons des compositions énigmatiques où s’enchevêtrent, au sein d’espaces neutres, œufs, mécanismes à engrenage et polyèdres (A Little Later, 1938, Denver Art Museum). À l’automne, sa participation avec six peintures, au Salon des surindépendants attire l’attention d’André Breton et d’Yves Tanguy.

Kay Sage rentre aux États-Unis dès 1939 et aide activement ses amis surréalistes à fuir l’Europe lorsqu’éclate le conflit mondial. En 1940, elle épouse Tanguy. Le couple s’installe à Woodbury, un bourg du Connecticut, où ils accueillent volontiers artistes et écrivains de passage.

Les années 1940 sont celles de l’affirmation du style de Kay Sage et de la reconnaissance de son travail. Dans des décors désertiques aux tons rompus, elle place des structures architecturales ou métalliques, des drapés anthropomorphes et des formes organiques, comme autant de visions surgies de l’inconscient et qu’elle se refuse à expliciter (I SawThree Cities, 1944, Princeton University Art Museum). Elle bénéficie, dans des galeries d’importance, de ses premières expositions personnelles : chez Pierre Matisse (1940), Julien Levy (1947) ou encore Catherine Viviano (1950) qui choisit de la représenter. En dépit des qualités propres de son œuvre, certains critiques ou historiens de l’art le placent obstinément sous l’influence de celui d’Yves Tanguy. Il s’agit en réalité non pas de l’ascendance de l’un sur l’autre, mais d’un dialogue permanent entre deux artistes dont les ateliers sont contigus. Dans ce contexte, Kay Sage refuse la plupart des expositions en duo, à l’exception de celle organisée en 1954 par le prestigieux Wadsworth Atheneum à Hartford (Connecticut). Dans la préface du catalogue, Charles E. Buckley souligne, à la grande satisfaction de l’artiste, les différences entre les tableaux de son compagnon et les siens, moins soumis aux séductions et plus austères (No Passing, 1954, New York, Whitney Museum of American Art). L’atmosphère des œuvres de Kay Sage est sombre, précise-t-il, sa palette, moins lumineuse, et ses formes sont anguleuses : « Les peintures de Kay Sage ne toucheront probablement pas l’observateur[...]

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Écrit par

  • : docteure en histoire de l'art contemporain, historienne de l'art, auteure

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