KAZAKHSTAN
Nom officiel | République du Kazakhstan (KZ) |
Chef de l'État et du gouvernement | Président : Kassym-Jomart Tokaïev (depuis le 20 mars 2019). Premier ministre : Oljas Bektenov (depuis le 6 février 2024) |
Capitale | Astana |
Langues officielles | Kazakh, russe |
Unité monétaire | Tengué (KZT) |
Population (estim.) |
20 485 000 (2024) |
Superficie |
2 724 900 km²
|
Le Kazakhstan indépendant
Parmi les cinq pays centrasiatiques, le Kazakhstan, indépendant depuis le 16 décembre 1991, se distingue par un développement économique soutenu. Après les premières années d'indépendance marquées par une grave crise commune à l'ensemble de l'espace postsoviétique (1992-1995 : chute du P.I.B. de 40 %), ce pays immense, peu peuplé et riche en matières premières connaît tous les ans des taux de croissance élevés, en dépit du repli observé pendant la crise financière mondiale de 2008-2009. Ce développement a été favorisé par la présence de pétrole, d'uranium et la mise en œuvre de réformes socio-économiques. Cette réussite permet au régime présidentiel de Noursoultan Nazarbaïev de conserver une importante popularité et de se maintenir.
Vers un régime présidentiel fort
L'exacerbation des tensions ethniques a caractérisé la période s'étendant de la fin de l'Union soviétique aux premiers temps de l'indépendance. Le 16 décembre 1986, Mikhaïl Gorbatchev, désireux de lutter contre la corruption, oblige le premier secrétaire du Parti communiste de la République, Dinmoukhamed Kounaïev, à se retirer et le remplace par un Russe sans attache avec le Kazakhstan, Gennadi Kolbin. Cette décision provoque des manifestations d'étudiants nationalistes kazakhs dans la capitale. La répression laisse deux cents morts dans les rues d'Almaty et on estime à huit cents le nombre de personnes exécutées dans les heures qui suivirent. Cet épisode marquera la mémoire de la population kazakhe, faisant craindre, au lendemain de l'indépendance, des représailles de la part des nationalistes kazakhs contre la population russe, qui n'auront finalement pas lieu.
En 1989, une nouvelle figure, Noursoultan Nazarbaïev, devient premier secrétaire du P.C. ; en 1990, il convertit sa position en celle de président. Économiste proche de Gorbatchev, il prône une nouvelle forme d'union avec la Russie plutôt qu'une totale accession à la souveraineté. Il va ensuite anticiper la fin de l'U.R.S.S. : il est élu président au suffrage universel le 1er décembre 1991 et signe avec Boris Eltsine, le 8 de ce mois, le décret mettant fin à l'Union soviétique et instituant la Communauté des États indépendants (C.E.I.). Nazarbaïev ne s'est jamais départi ensuite de ses bons rapports avec le Kremlin.
Il a mené, dès avant l'indépendance, une politique à coloration nationaliste en faveur de la composante kazakhe du pays sans s'aliéner la partie slave de sa population, réussissant ainsi à atténuer l'antagonisme grandissant entre les deux principales ethnies du pays.
Cette ligne est suivie et entérinée par l'adoption de la Constitution kazakhe, en 1995, par référendum, qui interdit toute forme de discrimination fondée sur des critères ethniques, religieux ou de langue maternelle. La langue russe acquiert le statut officiel de langue de communication entre les peuples. Le président se pose en garant du maintien des équilibres religieux et linguistiques. Le transfert de la capitale en 1998 vers le nord répond avant tout à cette logique de « rééquilibrage » ethnique par un transfert de population kazakhe vers une région jusqu'alors très majoritairement slave. Il s'agissait également de marquer symboliquement l'indépendance par la création d'une nouvelle capitale, Astana, porteuse d'une architecture ancrant résolument le pays dans la modernité et dans son identité à la fois ethnique (kazakhe) et supranationale (kazakhstanaise). La pratique du kazakh fait l'objet d'une politique incitative forte, devenant une condition du recrutement dans l'administration et se développant dans le monde universitaire et dans la sphère médiatique. L'alphabet kazakh devrait passer de la graphie cyrillique à la graphie latine à l'horizon de 2025, afin de rompre avec l'héritage russo-soviétique et de s'adapter[...]
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Écrit par
- Isabelle OHAYON : docteure en histoire, chargée de recherche au CNRS
- Arnaud RUFFIER : anthropologue, chercheur à l'Institut français d'études sur l'Asie centrale
- Denis SINOR : professeur émérite d'études ouraliennes et altaïques, professeur d'histoire à l'université d'Indiana, Bloomington
- Julien THOREZ : docteur en géographie, chargé de recherche au C.N.R.S., membre de l'U.M.R. 7528 Monde iranien et indien (C.N.R.S., Sorbonne nouvelle, EPHE, INALCO)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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