MICHALOWSKI KAZIMIERZ (1901-1980)
Avec Kazimierz Michalowski est mort, le 31 décembre 1980, un des maîtres de l'école polonaise d'archéologie, un des doyens des études sur l'Égypte et la Nubie. Né le 14 décembre 1901 à Tarnopol (en Galicie, alors austro-hongroise), diplômé d'archéologie classique de l'université de Lwów, il avait poursuivi ses études à Berlin, Heidelberg, Münster, Paris, Rome et Athènes. Devenu membre de l'École française d'Athènes, il participe aux fouilles de Thasos et de Délos, et ce sont les œuvres d'art hellénistiques qui retiennent son attention. En 1930, il devient professeur à l'université de Varsovie. Se tournant ensuite vers l'Égypte, il est accueilli en 1934 à l'Institut français d'archéologie orientale du Caire, comme membre étranger ; il séjourne d'abord à Deir el-Medineh, puis, de 1936 à 1939, prend part aux fouilles menées à Tell-Edfou par une mission conjointe de l'IFAO et de l'université de Varsovie.
Après avoir combattu vaillamment, Michalowski est retenu cinq ans prisonnier. L'archéologie active le retrouve ouvrant un chantier à Mirmekion en Crimée (1956-1957). Il obtient de revenir avec ses étudiants polonais dans le Proche-Orient, à Tell-Atrib (près de Benha) dans le delta égyptien, et à Palmyre en Syrie. En 1957-1958, il est visitingprofessor à Alexandrie. Puis Michalowski crée au Caire, en 1959, le Centre polonais d'archéologie méditerranéenne de l'université de Varsovie.
En 1960, il ouvre un chantier en plein cœur d'Alexandrie, à Kom el-Dikka ; c'est aussitôt la découverte d'importants bains romains et d'une sorte de théâtre. En 1961 débute la reconstitution du grand ensemble funéraire de la reine Hatchepsout à Deir el-Bahari ; sur le flanc sud de celui-ci, apparaît le temple funéraire du pharaon Thoutmosis III.
Lorsque commence la campagne de prospection de la Nubie vouée à la submersion sous les hautes eaux du lac Nasser, il choisit le site de Faras à l'extrême nord du Soudan ; très vite est reconnue la présence d'une cathédrale (viie siècle) engloutie sous les sables du désert ; elle avait conservé de nombreuses peintures aux vives couleurs, sur plusieurs couches superposées (la Nativité avec les Rois mages, les trois Hébreux dans la fournaise, les évêques de Faras, les princes et princesses nubiennes) ; le gouvernement soudanais ayant procédé à un partage selon les engagements pris, la dépose de ces peintures fournit aux musées de Khartoum et de Varsovie un lot impressionnant de chefs-d'œuvre. Michalowski est élu président du Comité international pour la reconstitution des temples d'Abou-Simbel, découpés et reconstitués sur la falaise qui domine d'une centaine de mètres depuis 1968 le grand lac remplaçant le Nil. Pour la poursuite de l'action archéologique menée dans cette région auparavant si mal connue, il fonde la Société des études nubiennes. Au congrès constitutif de l'Association internationale des égyptologues qui se tient au Caire en 1976, il joue un rôle très actif. Entre-temps, sous son impulsion, l'archéologie polonaise s'était portée vers Chypre (fouilles de Paphos), vers le Soudan (étude du grand site chrétien de Old Dongola), vers l'Iraq (Nimrud, Bidjan et Saadiya). On avait également nommé Michalowski expert de l'UNESCO en Algérie et au Pakistan. En Pologne même, tout en gardant sa chaire de l'université de Varsovie, il assurait la codirection du Musée national ; membre de l'Académie polonaise des sciences, il en dirigeait le Centre d'archéologie méditerranéenne.
Ses très nombreuses publications, tant dans les domaines de l'archéologie classique que dans ceux de l'histoire de l'art et de l'archéologie égyptiennes, seront le legs de ce grand savant qui a formé plus de deux générations d'étudiants et[...]
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Écrit par
- Jean LECLANT : secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres
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